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mardi 30 novembre 2010

Semper sint in flores, Romania


the image of the snowy city inspires me a lot. I actually had the intention to focus on something else tonight. yet the snow changed my mind and now I am in a very creative mood.

je viens d'avoir une petite conversation sur fb sur l'avenir du roumain en Moldavie. oué, en Moldavie ou y a encore suffisamment de fous qui votent pour le parti communiste et rêvent l'Europe, ou la vie est juste un dur combat avec pauvreté, misère, entêtement, bêtise etc. et bien, après la défaite des pro-européens (à comprendre ceux qui utilisait "Europe" pour bien vendre leurs idées de démocratie pourrie). donc le roumain en Moldavie, on le voie en voie de disparition, car la menace du russe, ce que je trouve exagéré et un peu trop prétention, surtout à la veille du 1 décembre.
en fait je ne vois pas pourquoi le roumain serait-il en danger dans notre pays pourri. tout au contraire il n'a peut être jamais été mieux qu'à présent. d'abord parce que la nouvelle génération refuse constamment le russe et s'oriente vers l'anglais. ensuite parce que le marché est beaucoup plus ouvert et donc on a accès aux publications en bon roumain même si on est en dans un village pourri. si on entre sur internet donc on bénéficie d'un vaste réseau de journaux, sites d'info ou encore communication en ligne avec des roumains du pays, les dictionnaires et les livres de grammaires n'ont jamais été plus dispo qu'à notre époque. en plus le journal le plus important de Roumanie aura prochainement une édition de Chisinau, il y a des chaînes de télévision en bon roumain qui, certes, sont disponible surtout dans la capitale et aux alentours, mais Paris n'a pas été fait en un jour.
certes le roumain ne figure toujours pas dans la constitution moldave, car le passé communiste y a inscrit le "moldave" comme fière langue d'un peuple d'on le crâne est bourré de soviétismes.

mais pensez un moment pendant la période soviétique le roumain de chez nous était limité dans son usage, était parasité par l'omniprésence du russe dans la rue, dans les médias à un tel point que l'argot des moldaves de cette époque-là est... l'argot russe (on a donc bien appris quelque chose). à l'époque on devait écrire le roumain avec des caractères cyrilliques, mais malgré tout le roumain a survécu dans le coeur de ceux qui l'ont vraiment aimé.

or, ce qui nous reste à faire aujourd'hui non pas de faire des organisations moldo-roumaine (afin de faire connaitre aux autres le fabuleux chou farci de chez nous), mais de bien véhiculer un bon roumain, d'être un peu plus pédant avec soi-même dans sa manière d'articuler les mots de sa langue maternelle, de lire davantage en roumain, de penser en bon roumain et non pas de se réfugier dans la petite conscience de ceux qui prédisent le grand retour du russe.
ceux qu'il faut vraiment faire est de ne pas s'attrister quant on constate que les moldaves n'ont pas l'accent de la grande capitale, mais de parler le roumain dans son pays, d'être fier de le parler, sans se réfugier dans un anarchisme bon marché qui tourne la tête des jeunes.
car le plus important est non pas de parler sans accent, mais de penser sans accent et de ne pas oublier que le roumaine est notre patrie à tous (même si ça risque de paraître un peu bizarre dans en français). le roumain va vivre en Moldavie, tant qu'il sera vif dans l'âme des Roumains de Moldavie.

Sepmper sint in flores, Romania! (j'anticipe un peu le premier décembre...)

mercredi 24 novembre 2010

un masque d'Ulysse picaresque


ce matin je me suis réveillé assez tard, ma tête enfoncée dans l'herbe fraîche - quelle joie, j'ai du dormir dans ce magnifique champ. j'essaie d'attraper un fil avec mes lèvres endormies. nom de pipe, je sens un goût pourri de moquette... eh, oui j'ai la tête lourde, la jambe gauche me fais mal, j'ai du m'écrouler à côté du lit. je me lève avec grande peine, très bien, même pas le temps de se déshabiller hier soir... le miroir me montre de jolies traces de moquettes sur mon visage. j'ai soif. Bonjours, chevalier de la triste figure...

aspirine, café, longue promenade sur les rues glaciales de G'nève. assis sur un banc au jardin des Bastions, je vois une collègue passer en courant presque. elle doit être en retard, celle-là. comme elle se la pète avec ses cours, son grand choix des cours haut de gamme. tant pis, ma belle, de toute façon science sans conscience n'est que la ruine de l'âme... encore un café. béni soit le nom de celui qui a découvert cette boisson magique. encore des collègues passent au loin comme des figures flues dans une peinture impressionniste. impression, soleil levant. et moi, j'ai du mal à me lever, j'ai la tête lourde même après le quatrième café. même le vent impitoyable ne réussit pas rafraîchir mon mémoire.

réfugié dans la salle de lecture, je plonge dans la lecture du dernier Houellebecq. ce serait pas mal du tout de pouvoir écrire un livrer sur sa vie intime. après de longue descriptions indiscrètes je vais dédicacer ce livres à toutes mes ex. j'ai un creux dans le ventre. how deep is your love. putain, y en a qui oublient d'éteindre le natel même dans une salle de lecture.
je vais inventer un artiste vagabond perdue dans ses réflexions dans une cité au bord de Houdson. je vais pas donner de vrais prénoms, mais je me contenterai de donner les moindres détails, caresse, désir, envie, échec, amour charnel, platonique, absent, exilé, faux, inexistant. l'amour dans tout ses états de Béatrice à Justine.

perdu dans mes réflexions j'ai à peine entendu une voix annonçant la fermeture de la bibliothèque. le bise m'arrache impitoyablement de mon projet de grande écriture. putain, y a trop d'histoires de cul sur le marché. certes, on peut vomir une autobio dégueulasse avec un style à mi chemin entre Nabokov et Bukowski, à condition de se trouver un bon agent littéraire qui puisse faire vendre même une paperasse.

j'ai enfin fin. j'entre dans la première trattoria. penne carbonara arrosé avec un bon vin. la cuisine italienne ne cesse pas de me plaire. dolce fer niente un petit digestif à la fin et je me perd dans la nuit genevoise. je m’arrête sur le même banc aux Bastions. il fait froid et y a presque personne autour. au loin je distingue la silhouette d'un couple perdu dans un baiser sans fin. les amants du siècle. lequel des deux aura le pervers courage de décrire ça dans un roman sur les amours passés?

le cris des mouettes. le vol en zigzag, noir et blanc, une quette du ciel, tout comme chez de Stael. il fait très froid. il neigera cette nuit. je me dirige chez moi à côté d'une fatigue qui me ferme déjà les yeux avec bouche tiède. je vais rêver de tous mes ex sur un immense chant de coquelicot ou dans une vallée enneigée. je vais leur dire combien je les aime ou je les déteste, pourvu que je trouve les mots justes...

et peut importe ou je serais dans une année ou cinq, sur les rues aveuglantes d'un paradis occidental ou dans mon Itaque pourrie en Ulysse picaresque...


dimanche 21 novembre 2010

ballade picaresque genevoise


sept amants malheureux se sont réveillés un matin froid d'hiver dans sept quartiers différents de la ville de Genève (même s'il y a en pas autant à Genf); trois d'être eux ont vite prix le café, deux un thé et les autres juste une petite clope avant de s'habiller et de plonger les rues calvinistes de la cité sans nuits qui s'ennuie (et eux avec la ville).
sept amants malheureux ont croisé le même tramway dans le centre-ville, n'ont pas remarqué les mouettes survolant la petite fontaine et, dans la pénombre d'une heure malheureuse, se sont entêté de connaître coup de foudre pour la même fille (qu'ils connaissaient tous, sans la connaître pour autant)à des heures différentes de la même journée.
sept déclarations muettes, sept refus sincères, sept incompréhensions continues et les sept amants malheureux aveugles devant la sainte simplicité d'une réponse sincère
sept bouquets laissés sous la fenêtre de la jeune fille, sept poème maladroits écrits ou non écrits, sept regards jaloux accompagnant le pèlerinage poétique de la jeune serrant dans ses poings le temps retrouvé et encore sept frustrations quotidiennes comme point de départ pour les mauvaises langues
sept ombres picaresques des chevaliers qu'ils n'ont jamais été trop attachés à leur orgueil masculin et à la simple incapacité d'avaler le non de l'autrui
sept amants malheureux bloqué dans les rues d'une humble possibilité de sentiment alors que la vraie vie coule à grand flots sous leurs nez
si seulement on pourrait comprendre l'entêtement de vivre sept chagrin d'amour au lieu de délivrer la personne aimée? drôle de ballade picaresque de sept amants malheureux...

t'as inventé le soleil couchant
sur la peau lisse d'un miroir apaisé
une lumière versant ses tourments en mille étoiles aveuglantes

la mer, la mer enterrée dans tes yeux, loin des hivers de mon âmes,
la mer dans tes yeux, un gouffre irrésistible
pourquoi donc n'y suis-je pas tombé, même pas une seule fois?

mon âme danse nu-pied dans les cieux d'une peinture oubliée,
les rivières, les sources, les pluies se font miroirs dans nos rêves
on y dessine les doigts tâchés de lumière
la beauté oubliée d'un monde printanier

laisse-moi les oiseaux, je les dessinerai blanches, embrassant l'horizon
invente-moi le vert d'une terre accueillante pour mes poèmes non écrits

mes rêves avec toi ne sont que battement d'ailes et cieux
allons nous perdre dans les méandres d'un soleil couchant


samedi 20 novembre 2010

réflexions autour du dernier Houellebecq

j'ai jamais lu du Houellebecq (chose bizarre le correcteur grammatical du blog semble dépassé par le nom de l'écrivain, le soulignant un rouge). à vrai dire j'ai commencé deux ou trois fois les 'Particules élémentaires', j'ai lu des poèmes certes, mais pas un roman. manque de temps, trop bourré par les études, manque de volonté ou que sais-je encore, mais comme quelqu'un qui suis plus ou moins l'évolution des lettres françaises, je me disait souvent qu'il faut le faire.
le dernier Goncourt a été la dernière goutte (même si j'ose dire que j'suis pas snob du tout), donc sans attendre (et malgré le prix un peu plus élevé en Suisse), j'ai procuré le livre le 8 novembre même et je suis plongé dans la lecture tout de suite.
c'est un très beau livre, bien écrit comme vous pouvez le deviner, un roman qui met sur la balance l'art et la vie, l'objet et sa représentation (d'ailleurs le titre 'La carte et le territoire' me fait penser dans cette direction).
construction classique - un prologue, un épilogue et trois partie. un moto de Charles d'Orléans 'le monde est ennuyé de moy,/ et moy pareillement de luy'
une narration savoureuse présentant la vie de l'artiste Jed Martin, un artiste parisien qui devient célèbre en photographiant des vieilles cartes Michelin, et avec lui on fait des incursions dans la vie artistique parisienne.
l'artiste est très peu sociable, a une relation particulière avec son père, ne connaît que très peu de femmes dans sa vie (car on va l'accompagner jusqu'à sa mort), a trois périodes de création (photographie, peinture et montages vidéo) et, ce qui va vous intriguer, rend plusieurs visites à un certain Michel Houellebecq, écrivain français habitant en Irlande.

le roman a, certes, un côté très people - vous y rencontrerez le nom de plusieurs starlettes (d'Angelina Jolie à Paris Hilton) et jusqu'à la présence extravagante de Frédéric Beigbeder. mais n'est parce qu'une people-isation du milieu artistique?

les curiosités ne manquent pas de ce livre, une choses que les lecteurs vont sans doute apprécier - l'anecdote d'une toile avec Jeff Koons et Damien Hirst se partageant le marché d'art (d'autant plus belle avec les traces de vomissement dessus), une père qui s'achète un beau suicide à Zurich [les fameux marchands de mort, pardon, suicide] (et puis le fils qui gifle une dame de l'administration de cette compagnie pour son air insensible), Olga, une belle russe aux jambes parfaites ou encore le meurtre d'Houellebecq (à ne pas lire littéralement) et toute une enquête policière que ça produit par la suite.

c'est donc un roman qui touche à l'actualité, qui décrit même notre société post industrielle en pleine décomposition (c'est d'ailleurs la décomposition qui préoccupe Jed Martion dans sa troisième phase de création), sans pour autant en devenir pathétique.

c'est donc LE Goncourt de la décennie et un livre que je vais sûrement relire et que je vous conseille absolument.

bonne lecture et bonne nuit (je suis obligé de m'arrêter ici, car mon français commence à craquer sous le poids d'une nuit blanche)

Shakespeare ou le miroir des vanités


lorsque le trône du monarque n'est qu'une banale chaise roulante, on a vraiment tord d'y rêver
ainsi rêve-t-on un monde sans expiation dans lequel on sera emmuré par les vanités prenant possession de notre âme...
la mise en scène de Richard III de Will, une vanité baroque, mais quelle vanité - les fourberies royales portées à leur apogée
des meurtres, du sang, des trahisons - menu royal, ingrédients métaphysiques - quel délicieux festin...
un Richard, ombre de Mackbeth, qui grimpe vers le pouvoir pour y connaître folie et néant
une sorte de requiem shakespearien (j'ai cru même entendre des notes du Requiem de Mozart)
la scène - reproduction mimétique du théâtre Globe, une demi sphère (schème de la monarchie à l'anglaise?), des miroirs disposé en demi sphère encore - une suite interminable de mise en abîme si chères au dramaturge britannique.
musique, lumières (avec cette 'éclipse' aveuglante vers la fin), la douce métaphore de la mort (qu'Alice a tant aimée) avec le tueur passant un éponge plein de sang sur le front de ses victimes, qui juste avant d'être tuées enlèvent leurs chemises (symbole de résignation devant leur fin inévitable) et surtout les chaines suspendues, leur voix métallique ou encore Richard et le compte de Buckingham devant le microphone - le futur monarque mimant la modestie et abaissant le micro devant les citadins.

un peut être un dernier détail - les femmes dans cette mise en scène - mères, reines, veuves, toutes en deuils, toutes admonestant leurs adversaires, anciens ou présent, des mots de haine qui pèsent lourd sur la vie imaginaire des personnages - un monde sans amour est un monde en deuil (cent ans de solitude sans doute)...

qu'est donc un roi qui ne sait le prix d'un royaume (Le Roi Richard― Un cheval ! un cheval ! Mon royaume pour un cheval !) et combien y en a-t-il dans notre monde?

c'est le meilleur spectacle que j'ai vu à Genève et je voudrais féliciter M. Valentin Rossier pour cette création haut de gamme (j'espère qu'Alice va le lui transmettre)

la force du verbe shakespearien est un miracle
dommage qu'au lieu de lire inlassablement les créations du grand Will, les gens font la guerre aux autres.

lundi 11 octobre 2010

lo mas importante de la vida


ce qui les plus important dans la vie est de ne pas être mort.
un superbe film espagnol dans l'esthétique Amélie Poulain. Jacobo est un réparateur de piano. il passe sa vie a accorder les pianos et il y a un seul qu'il n'a pu accorder. plus étrange encore, il accorde le piano en rêve, car le bon dieu l'aide... or, un étranger vient chez lui pour accorder les pianos, donc à l'aube les pianos ont déjà retrouvés la finesse du son. cet étranger vit au sousol de la maison de Jocobo, lit du Jules Vernes et du Bakounine et fait le boulot du protagoniste pendant que celui-ce cherche un mouton égaré dans son rêve. ironie du sort le piano non accordé est dans la maison du voisin, tandis que tous les autres ont été accordé dans la maison de Jacobo.
un conte incroyablement beau et frais, un oeil subtil du metter un scène qui joue avec le temps (des multiples flashbacks) ou avec les couleurs (le film est noir et blanc, mais les couleurs y sont chez elles). un sujet savoureux qui mène d'un mythe antique à dénoument d'un ménage à trois, en passant par un léger paranoïa carnavaesque du héros.
je vous laisse déviner la multitude des symboles (mouton, rêve, aide divine) faisant référence à la bible. bref, un film à ne pas rater...

d'un film hispanophone à un auteur péruvien couronné par le Nobel. Mario Vargas Llosa, enfin, nobélisé. ça fait un petit moment que les bookmakers et la presse mettent son nom sur le short liste du Nobel littéraire. ce dernier temps l'Académie souedoise a trop célébré des auteurs méconnus du grand public - que ce soit Le Clézio ou encore Herta Muller (note: faites attention, on parle bien du grand public), tout en laissant de côté les patriarches de la littérature mondiale.
Vargas Llosa est une référence majeure dans la littérature, comme vous avez bien compris. Il commence par se lier d'amitié avec le bon démon de la lecture, lecteur vorace il est aussi un journaliste exceptionnel, mais aussi un des rares latino américains à rompre avec la gauche politique et à force de s'impliquer lui même dans la politique, bref parcours qui finit par sa défaite à la présidentielle de Péru.
un critique littéraire sans précédent tant pour les classique que pour ses contemporains - ce qui lui a apporté une bonne gifle de la part de son ami Garcia Marquez...
du réalisme magique, au polar en passant par le théâtre, l'essai il crée souvent des héros atypique qui rêvent l'infini mais finissient par se perdre dans l'éphémère.

cette distionction qui ne change rien dans son palmares, mais qui s'avère être plus que correcte dans son choix (comme le disait un de mes collègues sur facebook à propos du Nobel de la paix 'je suis tout à faix content par le choix des Suédois')

or que serait un monde ne sachant célébrer ses poètes (ses génies)?!

PS: je suis vraiment content de ne pas trouver un seul livre de MVL dans les librairies de Genève... j'espère qu'à Bucarest et à Chisinau c'est pareil...



jeudi 30 septembre 2010

réflexions devant un lecteur imaginaire


tant que les droits de l'homme ne sont pas respectés sur toute la planète je trouve extrêmement absurde de plaider pour les droits des animaux. vous n'êtes pas d'accord? eh ben, tant pis. or, je ne dis point que seuls les hommes comptent ou qu'ils faut prendre plaisir en tuant les bêtes. c'est pas du tout ça. mais, faites un effort, lorsque tant d'enfants crèvent de faim chaque jour à quoi sert un chien traité correctement dans petit trou de province helvétique? c'est quoi votre réponse? j'ai pitié pour ceux qui déboursent une fortune pour entretenir leurs animaux de compagnie au lieu de faire une donation ou d'adopter un enfant. pas facile d'investir dans les relations humaines, hein?
c'est simple de faire un petit investissement sûr - ton chien va t'aimer quand même parce qu'il dépend de toi. être apprivoisé c'est être dépendant. mais faut être responsable pour ceux qu'on apprivoise (t'avait raison, Saint-Ex). donc, aventurer vous d'abord dans la grande économie, c'est-à-dire, dans l'investissement journalier d'affection, avant de vous permettre le luxe des petits investissements égoïstes.

cher creveur de pneus (j'emploie ce mot malgré son in-existence en français), t'es un petit lâche qui n'a pas les couilles de crier en pleine rue ce que ton petit geste pourrait signifier s'il ne serait pas anonyme. mais, là, franchement, t'es comme le maître qui refuse ramasser la crotte de son chien et se sent tout fier de son geste. bravo. t'es un vrai ridicule. je t'imagine le soir savourer ton petit plaisir d'avoir troué 5, 17, 23? pneus à toutes les voitures aux numéros d'imm étrangers. si tu crois que ça fout le cafard aux frontaliers, alors, ma foi, t'es terriblement con... bref, t'es con quand même pour la lâcheté et l'hypocrisie de ton geste malin. c'est toi la racaille. dommage que tu puisses pas lire ces lignes que je viens de te dédier...

lors des moments cruciaux une cigarette peut nous aider plus que quelques pages de l'évangile. mémoire approximative. je sens la mécanique creuse de ta pensée maligne cher philo nihiliste. j'espère de tout mon coeur que tu l'as essayé, car moi je l'ai fait et ben, ça fout le cafard. on est certainement mal concentré dans de pareils moments pour faire une bonne lecture de la bible et c'est carrément plus simple de fumer une clope, mais pas plus utile. exceptés les fumeurs invétérés, mais là, franchement, on peut leur opposer les moines, pour qui la bible compte plus que la clope. y a certainement plus de fumeurs que de liseurs d'évangile, mais c'est juste une affaire de calcul, car si tu prends en compte la profondeur de la réflexion de celui qui lit le Verbe, tu comprendras, sans doute, qu'il vaut au moins cinq fumeurs... à toi de faire le total.

aujourd'hui trois petites réflexions et pas trop de poésie. tout ce qui est en excès nuit, donc j'épargne vos idées d'une soupe poétique ce soir et je vous conseille vivement de prendre une soupe réelle, mes chers lecteurs imaginaires.

allez, très bonne soirée à tous et à la prochaine.

mardi 28 septembre 2010

Alice et le blason du beau tétin


spots... elle était assise au milieu des tâches monochromes... le blanc c'est la vie, une existence caste, vide de tout désir et le noir - la nuit, la possibilité d'une lumière, une vague tentation qui te tourne la tête

Laura sur des affiches dans toute Genève... t'es presque célèbre. tu crois. puisque je te le dis... cette fille qui emprisonne la vie lumière dans son nom. une italienne
sans doute. une sorte d'Amélie à cheval entre curiosité et snobisme. en fumant son geste est presque la possibilité d'un art gestuel. un nouveau monde éphémère entre son regard passif et sa main statuaire, une fin de siècle en miniature. certes, mais il suffit qu'elle baisse la tête ou qu'elle fasse appel à son ton ironique. entre le statuaire et le kitsch - une seconde. dommage pour cette non financée de Pétrarque. les fins de siècles finissent vite. bah oui, y a pas de remède contre le temps.

Alice, l'ancienne a déserté de mes poèmes. Je la cherche. En fait je prétend la chercher. Je sais bien qu'elle n'aime plus peupler le vide. la nuit comme promesse de l'aube ne l'intéresse plus ou pas autant. elle traverse les rues de Genève en lisant des poèmes. elle me fait littéralement peupler ses rêves (en style maniériste, certes, rêve auquel je dédie le poème de Marot ;-P )

Le blason du beau tétin

Épigrammes (1535)

(Extrait)
Tétin refait, plus blanc qu'un œuf,
Tétin de satin blanc tout neuf,
Toi qui fait honte à la rose
Tétin plus beau que nulle chose,
Tétin dur, non pas tétin voire
Mais petite boule d'ivoire
Au milieu duquel est assise
Une fraise ou une cerise
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Mais je gage qu'il en est ainsi.
Tétin donc au petit bout rouge,
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller
Tétin gauche, tétin mignon,
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui portes témoignage
Du demeurant du personnage,
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains
De te tâter, de te tenir :
Mais il se faut bien contenir
D'en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendrait une autre envie.
Ô tétin, ni grand ni petit,
Tétin mûr, tétin d'appétit,
Tétin qui nuit et jour criez
«Mariez moi tôt, mariez !»
Tétin qui t'enfles, et repousses
Ton gorgias de deux bons pouces :
A bon droit heureux on dira
Celui qui de lait t'emplira,
Faisant d'un tétin de pucelle,
Tétin de femme entière et belle.


Clément Marot

quel est le sens qui nous fait aimer l'art et comment prévenir sa disparition. je veux dire du sens et non pas de l'art. Edward Hopper - plus universel que jamais dans son illustration des lacunes du rêve américain. la sérénité du cauchemar, une note implicite et omniprésente. et non, y a pas le cris scandinave qui fait vibrer les couleurs, pas des piétas, des morts ou de gens criant la douleur. ses personnages enmûrés dans une résignations (?) entre folie et néant. les couleurs en principe chaudes, make-up du vide. des femmes regardant les fenêtres invisibles (dommage qu'il connaissent pas le suicide assisté et son épanouissement dans la confédération montagnarde).
l'expo de Lausanne - une véritable rentrée artistique pour moi.
les trois arbres sur le Pont Neuf. Seul ceux qui ne connaissent pas Paris (et je vous rappelle que Paris c'est pas une ville mais un état d'âme) ne pouvons comprendre...

l'art pour l'art c'est un caprice, l'art pour l'âme une nécessité... Le monde a bien existé avant tout les Van Gogh, mais que serions nous sans la densité de ses couleurs...

bonne nuit à tous et à toutes (bonne nuit, Alice). Je suis de retour.

vendredi 18 juin 2010

l'histoire d'une mise en abîme


sept heures au bout de l'aube. des gestes agités dans le miroir froid du café matinal. M. Py serrent une énième cigarette, les yeux noyés dans le même poème d'Eliot.
milles feuilles autours de lui. textes, remarques, didascalies ou encore ses décoration minimalistes qu'il a toujours préféré dessiner lui-même.
ça fait longtemps qu'il n'est plus brechtien dans son spectacles, mais là il s'acharne sur un projet de sa jeunesse, une mise en scène qui sera une double mise en abîme, action et pensée, poésie et drame dans un jeux nu des acteurs.

sur la scène vide des morceaux de papiers tombent. lumière vague. des voitures lointaines traversant la voix rauque d'un violon-mendiant. les acteurs entrent par le haut, suspendus entre danse et insomnie. deux hommes et deux femmes vêtus et maquillés en blanc ramassent le papier tomber d'un geste méditatif et lent. ils lisent à haute voix un poème de la fin au début, vers après vers. la voix qui déclame devient de plus en plus forte. les morceaux de papier tombent, mais sont remplacés par des cendres. les acteurs marchent sur la scène sans se toucher, comme s'ils étaient tout seuls. ils essayant d'embrasser les cendres qui tombe, lentement et au bout d'un moment s'écroulent sur la scène. le son est coupé. il n'y plus de cendres. pendant deux minutes on entend les battements d'un coeur.

scène vide plongé dans l'obscurité. son - battement des ailes. on entend plusieurs voix déclamer le monologue d'Hamlet:
tobeornottobetobeornottobetobeornottobetobeornottobetobeornottobetobeornot silence. plusiers révébèrent s'allument sur la scène. 50 personnes se dirigent à la fois dans toutes les directions. anachronisme. il sont tous habillé différemment - de la toge antique aux jeans hippies. ils ont tous un crâne dans leur main droite. ils dansent tous, mouvement lunatique et fascinant. la première gnosienne de Satie comme fond musical. silence. battement d'ailes. la scène plonge dans le noir.

on entend des pas. lumière. sur la scène des crânes partout. on entend les bruits d'une rue agitée. au fond de la scène un écran s'allume. on voit la rue. des passants, des voitures, des arbres. un clochard cloué au sol récite un fragment des Pensées de Pascal. des lumières de différentes couleurs sont projetées sur les crânes qui sont jaunes, vertes, roses. l'écran s'éteint. des cendres tombent.

musique. Schubert der jungfrau und die tot. quatre personnages - le poète, la mort, le diable et Marguerite. scène finale...

l'imagination de M. Py s'est bloquée dans ce passage final de Bulgakov sans trouver une fin logique à la mise en scène. le final du meurtre dans la cathédrale aurait été bien, combiné avec les images d'une cathédrale qui s'écroule sur l'écran du fond sur une musique sérénissime (un ave Maria? du Bach? du rock classique?). il voyait encore le final dans une maison blanche de Louisiane au bord d'un terrain marécageux ou toute une foule participe à un rituel mystique de sorcellerie. ou encore mettre en scène un scénario de Kubrick? il faudra encore négocier les droits de cet emprunt... la cigarette lui brûle légèrement. il se réveille et la jette dans son café. la prochaine nuit il cherchera une fin logique... il n'a jamais écrit ses scénarios pendant le jour, la nuit seule sait dompter ses visions de metteur en abîme.

mardi 15 juin 2010

M. Py et le reporter




J'ai eu beaucoup de peine à obtenir l'adresse de M. Py. Mais après une suite incroyable de coïncidences j'ai débarqué devant la porte couleur vert pomme de son appartement new-yorkais. Je me demande pourquoi ai-je retenu cette couleur bizarre, d'autant plus qu'il n'y avait rien d'exceptionnel: toutes les portes du même étage étaient vert pomme, comme les vieux murs salis autours. J'ai pressé le bouton de la sonnerie. Une voix rauque d'âne retentit dans l'espace de l'appartement. Peu après j'ai entendu les pas de M. Py.
Je viens de Paris. Il me considéra avec méfiance, ensuite il me laissa entrer. Le vieux metteur en scène vivait dans un appartement style 60's, minimaliste en principe. Des affiches collées aux murs ça et là. Des tableaux (des faux sans doute) diluant la monotonie des murs, des meubles plutôt absents, un tapis oriental dans le salon, un morceau d'un frontispice médiéval dans un coin obscur et une vraie invasions de livres qui trainaient partout.
Je voudrais vous interviewer Il me regarda encore avec très peu de confiance.
'Vous me faites chier, vous, journalistes. Je sais même pas pourquoi je vous accepte chez moi. Mais une fois entré je vous interdit de me poser de questions. Je vais vous dire ce que je trouve nécessaire. Ensuite vous aller me ficher la paix, car j'en ai trop besoin.'
Il commença par me dire son amour pour Flaubert, pour la poésie antylirique et son côté idéaliste dans ses lectures qui le firent découvrir Tchékov pendant ses études à Bruxelles. Il en lisait sans cesse. 'La mouette m'a beaucoup touché lors de ma première lecture, comme Les trois soeurs ou encore La cerisaie. Mais ce sont les récits du dramaturges qui m'ont déterminé de vouloir mettre en scène l'action, les petites phobies, les peurs ou encore les amourettes des personnages quasi naïfs et en partie romantiques'.
Mais rien ne m'impressionna dans son long monologue. Il me raconta des choses sur l'âme du théâtre et le sens de la mise en scène. La musique de Chopin c'est, d'après lui, la sonorisation parfaite du texte tchékovien. Son premier succès - la mise en scène de Ionitch, l'histoire d'une non-vie ordinaire - un médecin de campagne qui aime mais avec beaucoup de peine et qui après des années devient l'incarnation d'une divinité païenne, un gros monsieur de province sans amour ni espoir. Il n'y a rien de plus grave dans la vie qu'une existence vide. Pas de sens, pas de divinité, l'amour-une pauvre illusion en papier mâché, rien d'autre qu'une routine agaçante et creuse. Il me demanda si j'aime le théâtre. Mais j'ai eu du mal à répondre. C'est quoi aimer? Lire du Tchékov et, après une vague révélation, devenir un génie de la mise en scène? Vivre chaque geste des acteurs? Imposer un point de vue particulièrement neuf aux spectateurs? Harceler ce public ingrat qui reste à admirer les décorations? Crier l'exaspération ou le pathétique mal de siècle par la grande gueule de ses personnages?
Le vrai théâtre c'est le geste pur, c'est le nô japonais, son et mouvement, le mot y réside dans une absence particulièrement présente. La poésie c'est aussi du silence, c'est du non dit, c'est le devenir de l'acteur et non pas un simple produit fini. Notre théâtre, jeune-homme, est un éternel qui pro quo, un vacarme que nous projetons sans cesse dans ce que nous sommes, une mise ne abîme des métaphores avortées tous les jours dans les veines d'une ville neutre. Le temps n'est qu'une illusion dans ce processus. Le temps c'est de l'eau, y a que le regard qui compte.
A la fin M. Py m'offrit le manuscrit d'un de ces scénarios. La vie est un drôle de théâtre. Méfiez vous des acteurs qui jouent des rôles étrangers. Avec ces mots j'ai du redescendre dans cette terre qui adore les créations de son oeil innovateur valorisant sur la scène la mort dans tous ses états. Notre vie n'est qu'un jeu dont les dieux en ont marre.
La fumé montais vers le plafond dans une danse inédite sous son regard fatigué.

Longtemps je me suis couché de bonne heure, mais la distance entre les rêves et les phobies que j'ai pour le théâtre ne diminua point. Depuis je vis ma propre fin de monde. Le monde n'est qu'une somme de mot. Les mots sont tous poussière, le geste est tout - ce geste que nous remplaçons si souvent par la vanité du son.

mardi 4 mai 2010

la culture... et alors?!


image: Xavier Veilhan, Le Carrosse (à Versailles), simulation en 3D

un jours le peintre britannique Turner a rencontré Eugène Delacroix. ce dernier était à l'époque un dandy réputé dans tout Paris. l'anglais, assez âgé d'ailleurs à demandé au jeune dandy de lui montrer ses mains. les mains du français très soigné ont fait une mauvaise impression sur Turner; la légende dit qu'il lui a reproché de ne pas avoir les mains d'un vrai peintre...

la culture. rien de plus vague dans notre société de consommation vorace.

un appétit pantagruélique hâte notre quotidien. un nouveau film, très bien, mais quoi de neuf dans ce film? quel son ou image ou autre trouvaille du metteur en scène le rend inédit. culturellement digérable. une scène nue. interdit au mineurs. en, fait c'est pas mal, cette façon indiscrètement délicieuse de montrer deux corps en train de s'unir, de faire l'amour (l'amour?), de baiser, de... pas mal (articuler le 'l' à l'anglaise) pas mal-l-l, mais certainement un déjà vu. donc un plagiat tacite d'un coup cinématographique qui a bien choqué l'imaginaire puritain de nos parents. il contient sans doute un certain potentiel culturel, mais est-ce de la culture?

dix-sept heures. le public est en retard. les acteurs défilent dans les coulisses. on entend leurs pas inquiété. on jouera un grand classique. ah bon? semble-t-il le metteur en scène a interrompu sa tournée britannique. ce spectacle a fait la grande surprise de la saison théâtrale berlinoise. c'est vrai? bah oui. les Anglais jaloux l'ont fait signer un sacré contrat pour qu'il mette en scène la même pièce chez eux. les Français, plus habiles, l'ont entraîné dans le tournage d'un film sur la vie de Vian. il travaille jour et nuit, car le film est déjà à l'affiche pour le prochain festival de Cannes. un petit bonhomme de l'Europe méconnue fait tourner la tête d'un spectateur tellement prétentieux. il a inspiré ses décoration pour la présente mise en scène de l'expressionnisme allemand.
l'attente les fait louer le coupable, mais après la fin ils sont tous convaincu que la nouveauté est douteuse, même si l'art est bien ancré dans les créations du bonhomme en question.

un jeune couple entre dans une exposition de peinture moderne. les deux ont un faible pour l'art. elle adore Dali, lui éperdument attaché aux toiles de Magritte. ils s'y promènent en constatant avec stupeur un art distant qui crache aux yeux du spectateur un choc d'une intensité de post adolescence. des photos noir et blanc. un oeil virtuel focalise le sexe des personnages inconnus. des poupées barbie qui s'éventrent, s'arrachent le phoetus; des membres en plastique baignée dans le sang du photographe. Rh +. pseudo tentative de sacrifice au nom de l'art (il a du acheter une nouvelle collection de poupée pour consoler les pleurs enragées de sa petite fille...). un pied souple, qui fait rêver sur la tête monochrome d'un individu dont il est quasiment impossible de découvrir le visage. une tension érotiquement tendue, le plaisir d'exhiber cette intimité, une grande mise sur le plaisir des autres de le voir et un trou béant qui crie l'absence de l'art dans cet opus. un peu plus loin de belles vaches en peau Louis Vuitton, un singé en posture messianique (le grand plaisir qu'on prend à noyer les idoles des autres? non, elle lui explique que la théologie moderne donne du sens à un Christ dont le sacrifice est universel, pour les hommes comme pour les bêtes)... cet art contemporain déprimant qu'il se force de comprendre sans y arriver pour de bon. il le trouve vide, dépourvu de racines, trop contextuel et peu conceptuel, bâti sur un désir maniaque de nouveauté, de couleur criarde qui n'invite plus à admirer mais à dénoncer, à hurler le Babel que nous sommes, à déchirer le regard du passant dans de sodomogomhorres itératives, un infini tautologiquement (et pathologiquement aussi) reflété dans des miroirs sans fin logique. l'éternelle mise en abîme que nous sommes. qui sommes nous. d'où venons nous. ou allons nous. l'art est mort. très bien allons boire son sang, mordre son cadavre, mettre en scène des orgies sur sa tombe imaginaire, secouer nos corps incapables de comprendre cet art sourd-muet (sur-doué?)

le 29 mai 1913, lors de la première du Sacré du Printemps de Stravinski au théâtre de Champs-Elysées à Paris, le publique n'a même pas résisté une demi-heure. la crème de la société de l'époque ont accusé l'auteur de barbarisme et manque de génie. un siècle plus tard c'est un chef-d'oeuvre incontestable de la musique classique moderne.

est-ce donc une certitude le fait de ne pas pouvoir goûter l'art de son époque?
ps: réponse à venir dans un siècle, entre-temps changez surtout pas de blog

lundi 3 mai 2010

10 promenades dans un futur récent




jour i
je viens d'arriver dans une ville du nouveau monde. c'est un univers muet en béton et aciers. les rares voies qui s'y font entendre sont celles des moyens de transports. les parcs sont vides. j'ai perdu tout à flâner parmi les gratte-cieux. les autochtones nous évitent, même si on leur sourit. je dis nous parce que le soir j'ai rencontré une jeune femme qui était sur le même bateau. elle est arrivé pour retrouver une de ses tantes maternelles. Sarah. juive née à Manchester. j'ai du mal à capter ses mots. mon anglais suffit à peine pour entretenir une conversation médiocre.
le soir on reste sur un banc non loin du bord de la rivière. au loin il y a l'océan. Sarah s'endort très vite. moi, je reste à contempler les étoiles. faut-il vraiment traverser l'océan pour comprendre que le nouveau monde est lui aussi vieux et pourri? j'ai soif.

jour ii
Sarah me réveille assez tôt. elle a froid et surtout peur. il me faut un peu de temps pour réaliser ou je suis. il fait vraiment froid. j'ai un peu de monnaie et je lui propose qu'on aille chercher un café. la ville est monochrome à cette heure-ci. on marche pendant un bon moment égaré dans les rues déserter, mi-éclairées de cette ville inconnue. finalement on trouve un petit salon thé. Sarah prend une grande tasse de thé noir, moi du chocolat chaud. le propriétaire, un obèse moustachu aux yeux asiatiques, n'a pas l'air trop content. je lui demande s'il son salon est fermé. il secoue la tête en signe que non. au bout d'un long quart d'heure j'ai le chocolat devant moi. il n'a pas un excellent goût, au moins ça réchauffe. Sarah me raconte ses inquiétude. elle crois qu'elle s'est trompé de ville. maintenant faudra prendre le train pour aller à Philadelphie. j'y comprends plus rien. elle a l'air fatigué, cette nana. tranquille. si jamais je pourrais l'accompagner à la gare. elle sourit. on sort dans les rues désertes. on revient à notre banque. cinq heures du matin. il fait froid. il fait beau. je sent les rayons se miroiter dans les eaux troubles de l'océan. on a encore du temps. on peut dor...m..ir...

samedi 24 avril 2010

la fille aux yeux verts - une vie en lectrice proustienne




tout commence avec la voie roque du réveil matin. tes yeux commencent à s'agiter sous tes paupières. six heures moins dix. après un long moment d'hésitations tu te lèves avec beaucoup de peine. pas évident les matins sans café. zut, t'as plus de café. tu râles sous la douche, râle dans la cuisine. c'était vraiment pas le cas d'oublier. une cigarette de t'aide pas trop. la douche froide n'a fait qu'approfondir ton mauvais humeur matinal. bref, un des matins qui font chier tout le monde et qui nous fait emmerder les autres. y aura pas de miracle. pas ce matin en tout cas. à cause de ce putain de café t'as oublié une boucle d'oreille chez toi, tu cherches un autre au bar le plus proche, juste le temps de rater le bus, or, pour bien finir un matin qui a déjà mal commencé il faut être en retard au boulot pour que le chef te tape dessus. le café avalé à la hâte t'a brûlé la langue. t'as la tête lourde. fallait pas rester jusqu'à une heure du matin à lire Proust. fallait pas? mais si, c'est un des moments ou tu descend dans un autre monde, un univers de sensations métaphoriquement enlacées autour de ton imagination. le style de Proust de fait du bien. d'abord t'oublie the dying animal, ce livre frustrant, tellement machiste, tellement sec et puis sa te rappelle ton enfance à Aix. ah, ce temps incroyablement sonore, des après midis sous le soleil méditerranéen, tu coures nu pieds sur la plage, le sable chatouillant ta peau.

au lieu d'aller déjeuner tu choisit le bar le plus proche. espresso doppio. une heure entière dans ce monde onirique proustien. faudra pas oublier de commander le café par internet, mais d'abord tu achèteras en ligne le volume suivant du roman. la lecture envahit ton esprit, tu fumes lentement, inconsciemment presque. tes gestes ce succèdent avec une régularité cartésienne. tu ne remarque point le jeune homme de la table voisine. ça fait dix minute qu'il te regardes avec l'obstination de retrouver ton regards. il se demande si tes yeux sont verts ou noirs... mais toi, tu es loin, tellement différente du monde qui t'enture.

il te suit jusqu'à ton bureau. il pleut. tu rentres à grade vitesse. les goutes et la bises ne réussissent pas à t'arracher du monde proustien. les trois heures et demi de boulot s'écoulent vite. t'as enfin réussi à te réveiller. ta tête est plus fraîche que jamais. c'est décidé ce soir tu vas à Tate Modern avant d'aller chez toi. quelle illusion. lui, il t'attend en bas. dix-huit heures. tu souris en sortant à tes collègues et puis tu sort en grande vitesse pour réussir de prendre le métro. mais à la sortie tu te heurtes d'un jeune inconnu. de cet impact ton bouquin tombe par terre. il va le cueillir. pour la première fois vos regards se rencontrent. il constate avec un petit air narcissique que tes yeux sont vers. 'émeraudes'-'pardon?' au bout de la deuxième phrase il t'invite à prendre un café avec lui. tu hésites, tu pense refuser, mais pour l'instant t'as du mal à dire non. te voilà donc avec un quatrième café à jeun. pas ton ton nouveau régime...

est-ce Proust qui vous a mis ensemble. surtout pas. c'est le pur hasard, pourtant c'est bine le livre qui t'as fait rêver les yeux ouverts pendant toute la journée, c'est lui qui t'as redu accro au café et qui t'as caché dans une couche mystérieuse de solitude savante.

s'il faut aimer le beau, c'est pour apprendre à aimer, pour se laisser et se faire aimer, pour sentir doucement, inconsciemment un poème inédit que vous allez écrire chacun(e) à vos goûts à partir d'une nuit blanche sous le signe de Proust

les pommes newtoniennes: les papillons et le crâne


après une courte réplique les pieds sur la terre je revins au français et aux digressions lyriques qui me hantent l'inconscient

c'est paradoxal comme un instant ou une personne peut nous ouvrir des portes inédites sur la vie, la perceptions des autres, le microcosme dans lequel on vie ou bien sur nous même

la première fois qu'une personne m'a dit que notre monde reste dominé par la soif de pétrole et la mégalomanie d'un petit groupe de vieillard de souche bourgeoiso-judaïque (le prof a autrement formulé ses propos), et ben, je lui ai ris au nez: sur le point de lui dire qu'il se foute de ma gueule, j'ai commencé à débiter devant lui des propos idéalistes, à le convaincre que l'export de démocratie se fait par la bonne foi des autres pour éradiquer la mauvaise volonté des anti-héros (quel con); deux ans après je découvrais la realpolitik, une expérience particulière de la série la pomme de Newton (celle qui tombe sur ton crâne afin que tu puisses découvrir une autre dimension du microcosme de ton existence). bref, j'étais plus Candide que le héros de Voltaire... heureusement que les eurêkas existent

après une décennie d'étude passionnée de la littérature, après de longues soirées de lecture et une soif rabelaisienne de connaître (Trink!) j'ai eu besoin d'un seul cours, d'une seule idée visionnaire afin de comprendre que toute la littérature (ou presque) est un exercice répétitif de mélancolie, un jeu narcissique de mise en abîmes des miroirs... rien d'autre que l'histoire d'une longue maladie continentale transposé dans de belles expressions. certes, c'est une vision caricaturale, mais grosso modo c'est quoi la littérature si ce n'est une longue tirade mélancolique, des gens qui s'auto-sacrifient, des amants qui vivent pleinement leur séparations (afin de vous convaincre il suffit de prendre une feuille, de la séparer en deux, de mettre à gauche les couples célèbres de la littérature qui sont heureux et à droite - les amants malheureux; faire ceci pendant une minute, ensuite confronter les résultats. Eh oui, je sais quel est le résultat, c'est prévisible). ça signifie point que la littérature soit plus riche ou plus pauvre après cette découverte, ce qui m'étonne dans toute cette histoire c'est la profonde cécité dans laquelle on vit jusqu'à l'instant crucial d'une nouvelle pomme newtonienne. Monsieur Pascal, merci de m'avoir enlevé les lunettes, je vois beaucoup mieux maintenant...
faut avouer ma joie de savoir qu'il y reste pas mal de livres construites sur l'élément ludique -'Il nome de la rosa' par exemple (lecture impérative pour ceux qui l'ont pas fait jusqu'à maintenant)...

j'ai toujours soupçonné l'existence d'un ingrédient faustien dans la tour tordue de mon conscient - la curiosité, la volonté occulte de tout connaître, de tout savoir, de tout apprendre - par conséquent tout lire, tout écrire, tout vivre - en deux mots: mission impossible. à la différence de deux autres découvertes, ceci est une trouvaille de mon adolescence précoce... j'avais 13 ans lorsque j'ai lu le chef-d'oeuvre de Goethe pour la première fois. ce n'est pas une vanité de le mentionner dans mon blog (du moins je veux le croire), si j'en parle c'est pour avouer que cette curiosité est un des éléments clés de mon microcosme...

une des dernière découverte c'est le triomphe de la vie - c'est facile de mourir, mais plus difficile de ne pas être... à vrai dire c'est la pomme newtonienne d'Alice dans son nouveau rôle de papillon tropical (note pour ceux qui trouvent que j'utilise un sfumato exagéré - Alice est un être réel et une lectrice fidèle de ce blog, ce n'est pas un personnage inventé qu'à 30%; ici d'un jeux d'écriture 'je vais t'emmurer dans la coquille de mon poème' [heureusement pour moi elle a écrit le poème avec le chasseur de crocodiles avant de me connaître :-P] et qui s'y est parfaitement encadré. sa volonté d'apprendre à aimer la vie dans les cendres de ses tissus m'a particulièrement impressionné). ce que j'aime chez elle c'est la nouvelle métamorphose du poète qui rêvait avoir un crâne, au personnage papillon. comme ça arrive souvent elle a eu son crâne, une superbe relique d'une tête d'enfant, cependant il lui était impossible de l'accepter, car elle a perdu son corps hamletien. un crâne c'est pas mal, mais ça empêche si on veut s'élever une nouvelle paire d'ailes, tu le sais mieux que moi, Alice.

ma passion pour la musique de Stravinsky est assez récente, un hasard plutôt, mais indispensable pour mettre ensemble tous ces morceaux. à noter que ces pensées se sont matérialisé en étroite complicité avec la danse de l'oiseau de feu. après la jeune fille et la mort de Schubert, c'est la mélodie qui me rappelle le plus la vie d'un papillon...

Après notre très onirique promenade il ne me reste qu'à te dire 'Welcome back in your future, dear butterfly'

PS: je préfère interrompre le fil de mes pensées avec des points de suspensions en attendant une nouvelle pomme newtonienne au lieu de vous faire descendre dans le laboratoire de mes pensées brutes


de la prostie la bovarism politic: cronica mioritică


atunci când am creat acest blog intenționam să creez un jurnal de stări poetice, insă nu toate stările sunt în proximitatea imediată a Logosului...

pe scurt, Moldova, eternul tărâm mioritic, țara cu ochii de cârpa demonstrează cu încăpăținare imposibilitatea de a crea o elită politică în carne și oase
clasa politică actuală este umbra unei mișcări browniene, bărbați cu ticuri revoluționare care își zbiară curajul pe timp de pace, bufoni de tot soiul - de la cei ce-și sparg tidva de muchiile retoricii la cei ce se complac în exerciții de stil, frământări de limbă sau masturbări intelectuale

în spațiul pseudo-deliberativ al certurilor bizantine din politica mioritică de ultimă oră există nici mai mult nici mai puțin 3 tendințe speculative

A. unirea cu România - un mit preluat din retorica politică din prima campanie electorală a lui Base, pistă cu lipici pentru cei mai tineri, un happy end prin care se aticipează o poveste de câteva decenii. cică Moldova va intra în Europa, pe care geam, habar nu am, însă acesta e leitmotivul omniprezent... sigur clasa politică moldovenească a scos capul din noroi, au fost călătorii la Bruxelles și Washington, strângeri de mână, credite exorbitante, ameliorarea relațiilor cu Bucureștiul, scoaterea sârmei ghimpate de la Prut (de altfel șoferii de la Botoșani sunt foarte fericiți să își facă plinul la stațiile din RM plătinde de 2 ori mai ieftin - mici surprize pentru cei de dincolo) etc. intenții nobile sunt mai multe decât ar fi nevoie pentru pavarea infernului, însă materializarea lor e aproape absenta - în consecința un electorat cu buzele umflate, în special cei care am trăit revoluția Twitter, deci un electorat indiferent (a se înțelege absent) și o seamă de survivers revotînd ciuma roșie/comunismul.

B. bovarismul, deci imaturitatea politică e una din afinitățile alianței europene din spațiul mioritic - întâlnire accidentală dintre setea de putere (gen Lupu, tipu trandy who speaks english so good ți, gata de orice combinație pentru a obține președenția) și voința de a schimba ceva (parțial Filat); bufonii nu lipsesc (Ghimpu), nici bufonadele de altfel... tobeornottobethatisthequestion așiorianuși meditație de ultimă oră despre necesitatea de a participa sau nu la parada militară de la Moscova a soldaților moldoveni. de parcă am avea de ales. în condițiile actuale de realpolitika, de hard power (a se citi Rusia) și de faliment economic o apropiere de Rusia (nu în plan idiologic) ar fi favorabilă, o oportunitate de a trece la un alt nivel de comunicare. însa clasa noastră politică nu merge prea departe (vezi bine gândirea excesivă dăunează politicienilor), pentru că tre să vină Cioroianu la o emisiune politică pentru a formula ceea ce ai noștri nu prea au chef sau creieir? de parcă nu ar fi evident că Rusia e prima piața de desfacere a produselor moldovenești - exemplu viu exportul de vin moldovenesc, care nu a depășit decât oficial embargoul din 2007. e parcă Moldova ar avea pârghiile helvetice pentru a-și permite bovarismul politic.

C. jocul de-a reformele, bun pentru alungat plictisul clasei politice, când nu mai ai chef să răsucești fraze cu neologisme. reforma constituției - cică s-au adunat liberalii și au vrut să o facă pe istețul - au apelat la Comisia de la Veneția pentru a avea recomandările unor experți de calibru european. rezultat pur moldovenesc: comisia nu a înțeles esența dorinței de a shcimba ceva doar de dragul schimbării. unde dai și unde crapă sau logică moldo-liberală - a chema o echipă de experți europeni, a face mare publicitate (vai ce tari suntem noi că am gândit așa departe) și toate astea pentru a respinge recomandările. de ce să strigi că îți cumperi cal, dacă tot ramâi cu măgarul? mister moldovenesc.

cert este că țara nu a reușit să iasă din impas; ar fi bune fabulele parlamentarilor dacă moldovenii ar fi privighetori; nasc și la moldova oameni, însă extrem de rar cu stofa de politician -concluziile nu pot fi decât searbăde și lipsite de temei

of republic of moldova

PS: (morală mioritică) ei, las că mîine o să fie mai bine...


samedi 17 avril 2010

fast fury


j'ai jamais pensé qu'il soit tellement compliqué de s'entendre... c'est facile à débiter les mots, à dire des choses, c'est facile à décrire ce que tu ne connaît pas et encore plus dur de s'entendre
c'est facile de reprocher, de t'approprier l'état de victime, je pense à des choses, tu penses à d'autres, on a tous les deux la certitude de parler la même langue
mais un vraie gouffre entre nous deux
or, le problème c'est que chacun parle à son miroir, je parle à l'image que j'ai de toi, tu - au rôle que tu me colles à la peau chaque fois que j'ouvre la bouche devant toi

voilà donc notre vie passer comme une joute irréaliste, comme un funambulesque jeux de mot, on rit, on suggère ou encore on tue le sens, on s'enterre dans le stoïcisme d'un silence ordinaire

mais malgré tous les mots, tous les livres lu, la chair est triste, gavée de stéréotypes - on change les états d'âme comme des habits

et on rit, on rit sauvagement de notre propre bêtise

ce qui est paradoxal - plus on a des moyens pour s'entendre, moins on s'entends - la proximité nous rends sourds et aveugles, inertie à décrire devant des psy bien calés dans la matière... ma foi, hier en envoyant une lettre de Paris à Hong Kong on devait attendre jusqu'à dix jours pour avoir la réponse, aujourd'hui, dès qu'on envoie le message, on veut la réponse tout de suite; pire encore - si on l'a pas au bout d'une heure, on le prend mal, on se fâche - ah, il m'en veut, il a une dent contre moi, il veut que je me vexe - encore une heure, toujours pas de réponse
on rouvre la courriel, on relit le message envoyé, on cherche le mot qui l'a pu rendre plus susceptible que d'habitude... c'est pas vrais ça, comment j'ai pu lui écrire ceci... mais il va pas se fâcher juste pour cette phrase un peu dingue... je le croyait pas tellement sensible aux lettres ordinaires...

après trois heures toujours rien... on est au bout de sa patience... comme si l'autre ne faisait rien d'autre que lire et répondre à tes lettres, comme s'il n'avait pas besoin de manger, dormir, rêvasser, lire, prendre sa douche, aller aux toilettes, en avoir marre...

bref, dans ce marécage d'infantilisme affectif (comme Alice l'aurait dit) on sait pas du tout comment parler avec l'autre