ce matin je me suis réveillé assez tard, ma tête enfoncée dans l'herbe fraîche - quelle joie, j'ai du dormir dans ce magnifique champ. j'essaie d'attraper un fil avec mes lèvres endormies. nom de pipe, je sens un goût pourri de moquette... eh, oui j'ai la tête lourde, la jambe gauche me fais mal, j'ai du m'écrouler à côté du lit. je me lève avec grande peine, très bien, même pas le temps de se déshabiller hier soir... le miroir me montre de jolies traces de moquettes sur mon visage. j'ai soif. Bonjours, chevalier de la triste figure...
aspirine, café, longue promenade sur les rues glaciales de G'nève. assis sur un banc au jardin des Bastions, je vois une collègue passer en courant presque. elle doit être en retard, celle-là. comme elle se la pète avec ses cours, son grand choix des cours haut de gamme. tant pis, ma belle, de toute façon science sans conscience n'est que la ruine de l'âme... encore un café. béni soit le nom de celui qui a découvert cette boisson magique. encore des collègues passent au loin comme des figures flues dans une peinture impressionniste. impression, soleil levant. et moi, j'ai du mal à me lever, j'ai la tête lourde même après le quatrième café. même le vent impitoyable ne réussit pas rafraîchir mon mémoire.
réfugié dans la salle de lecture, je plonge dans la lecture du dernier Houellebecq. ce serait pas mal du tout de pouvoir écrire un livrer sur sa vie intime. après de longue descriptions indiscrètes je vais dédicacer ce livres à toutes mes ex. j'ai un creux dans le ventre. how deep is your love. putain, y en a qui oublient d'éteindre le natel même dans une salle de lecture.
je vais inventer un artiste vagabond perdue dans ses réflexions dans une cité au bord de Houdson. je vais pas donner de vrais prénoms, mais je me contenterai de donner les moindres détails, caresse, désir, envie, échec, amour charnel, platonique, absent, exilé, faux, inexistant. l'amour dans tout ses états de Béatrice à Justine.
perdu dans mes réflexions j'ai à peine entendu une voix annonçant la fermeture de la bibliothèque. le bise m'arrache impitoyablement de mon projet de grande écriture. putain, y a trop d'histoires de cul sur le marché. certes, on peut vomir une autobio dégueulasse avec un style à mi chemin entre Nabokov et Bukowski, à condition de se trouver un bon agent littéraire qui puisse faire vendre même une paperasse.
j'ai enfin fin. j'entre dans la première trattoria. penne carbonara arrosé avec un bon vin. la cuisine italienne ne cesse pas de me plaire. dolce fer niente un petit digestif à la fin et je me perd dans la nuit genevoise. je m’arrête sur le même banc aux Bastions. il fait froid et y a presque personne autour. au loin je distingue la silhouette d'un couple perdu dans un baiser sans fin. les amants du siècle. lequel des deux aura le pervers courage de décrire ça dans un roman sur les amours passés?
le cris des mouettes. le vol en zigzag, noir et blanc, une quette du ciel, tout comme chez de Stael. il fait très froid. il neigera cette nuit. je me dirige chez moi à côté d'une fatigue qui me ferme déjà les yeux avec bouche tiède. je vais rêver de tous mes ex sur un immense chant de coquelicot ou dans une vallée enneigée. je vais leur dire combien je les aime ou je les déteste, pourvu que je trouve les mots justes...
et peut importe ou je serais dans une année ou cinq, sur les rues aveuglantes d'un paradis occidental ou dans mon Itaque pourrie en Ulysse picaresque...
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