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samedi 20 novembre 2010

réflexions autour du dernier Houellebecq

j'ai jamais lu du Houellebecq (chose bizarre le correcteur grammatical du blog semble dépassé par le nom de l'écrivain, le soulignant un rouge). à vrai dire j'ai commencé deux ou trois fois les 'Particules élémentaires', j'ai lu des poèmes certes, mais pas un roman. manque de temps, trop bourré par les études, manque de volonté ou que sais-je encore, mais comme quelqu'un qui suis plus ou moins l'évolution des lettres françaises, je me disait souvent qu'il faut le faire.
le dernier Goncourt a été la dernière goutte (même si j'ose dire que j'suis pas snob du tout), donc sans attendre (et malgré le prix un peu plus élevé en Suisse), j'ai procuré le livre le 8 novembre même et je suis plongé dans la lecture tout de suite.
c'est un très beau livre, bien écrit comme vous pouvez le deviner, un roman qui met sur la balance l'art et la vie, l'objet et sa représentation (d'ailleurs le titre 'La carte et le territoire' me fait penser dans cette direction).
construction classique - un prologue, un épilogue et trois partie. un moto de Charles d'Orléans 'le monde est ennuyé de moy,/ et moy pareillement de luy'
une narration savoureuse présentant la vie de l'artiste Jed Martin, un artiste parisien qui devient célèbre en photographiant des vieilles cartes Michelin, et avec lui on fait des incursions dans la vie artistique parisienne.
l'artiste est très peu sociable, a une relation particulière avec son père, ne connaît que très peu de femmes dans sa vie (car on va l'accompagner jusqu'à sa mort), a trois périodes de création (photographie, peinture et montages vidéo) et, ce qui va vous intriguer, rend plusieurs visites à un certain Michel Houellebecq, écrivain français habitant en Irlande.

le roman a, certes, un côté très people - vous y rencontrerez le nom de plusieurs starlettes (d'Angelina Jolie à Paris Hilton) et jusqu'à la présence extravagante de Frédéric Beigbeder. mais n'est parce qu'une people-isation du milieu artistique?

les curiosités ne manquent pas de ce livre, une choses que les lecteurs vont sans doute apprécier - l'anecdote d'une toile avec Jeff Koons et Damien Hirst se partageant le marché d'art (d'autant plus belle avec les traces de vomissement dessus), une père qui s'achète un beau suicide à Zurich [les fameux marchands de mort, pardon, suicide] (et puis le fils qui gifle une dame de l'administration de cette compagnie pour son air insensible), Olga, une belle russe aux jambes parfaites ou encore le meurtre d'Houellebecq (à ne pas lire littéralement) et toute une enquête policière que ça produit par la suite.

c'est donc un roman qui touche à l'actualité, qui décrit même notre société post industrielle en pleine décomposition (c'est d'ailleurs la décomposition qui préoccupe Jed Martion dans sa troisième phase de création), sans pour autant en devenir pathétique.

c'est donc LE Goncourt de la décennie et un livre que je vais sûrement relire et que je vous conseille absolument.

bonne lecture et bonne nuit (je suis obligé de m'arrêter ici, car mon français commence à craquer sous le poids d'une nuit blanche)

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