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samedi 20 novembre 2010

Shakespeare ou le miroir des vanités


lorsque le trône du monarque n'est qu'une banale chaise roulante, on a vraiment tord d'y rêver
ainsi rêve-t-on un monde sans expiation dans lequel on sera emmuré par les vanités prenant possession de notre âme...
la mise en scène de Richard III de Will, une vanité baroque, mais quelle vanité - les fourberies royales portées à leur apogée
des meurtres, du sang, des trahisons - menu royal, ingrédients métaphysiques - quel délicieux festin...
un Richard, ombre de Mackbeth, qui grimpe vers le pouvoir pour y connaître folie et néant
une sorte de requiem shakespearien (j'ai cru même entendre des notes du Requiem de Mozart)
la scène - reproduction mimétique du théâtre Globe, une demi sphère (schème de la monarchie à l'anglaise?), des miroirs disposé en demi sphère encore - une suite interminable de mise en abîme si chères au dramaturge britannique.
musique, lumières (avec cette 'éclipse' aveuglante vers la fin), la douce métaphore de la mort (qu'Alice a tant aimée) avec le tueur passant un éponge plein de sang sur le front de ses victimes, qui juste avant d'être tuées enlèvent leurs chemises (symbole de résignation devant leur fin inévitable) et surtout les chaines suspendues, leur voix métallique ou encore Richard et le compte de Buckingham devant le microphone - le futur monarque mimant la modestie et abaissant le micro devant les citadins.

un peut être un dernier détail - les femmes dans cette mise en scène - mères, reines, veuves, toutes en deuils, toutes admonestant leurs adversaires, anciens ou présent, des mots de haine qui pèsent lourd sur la vie imaginaire des personnages - un monde sans amour est un monde en deuil (cent ans de solitude sans doute)...

qu'est donc un roi qui ne sait le prix d'un royaume (Le Roi Richard― Un cheval ! un cheval ! Mon royaume pour un cheval !) et combien y en a-t-il dans notre monde?

c'est le meilleur spectacle que j'ai vu à Genève et je voudrais féliciter M. Valentin Rossier pour cette création haut de gamme (j'espère qu'Alice va le lui transmettre)

la force du verbe shakespearien est un miracle
dommage qu'au lieu de lire inlassablement les créations du grand Will, les gens font la guerre aux autres.

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