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mardi 4 mai 2010

la culture... et alors?!


image: Xavier Veilhan, Le Carrosse (à Versailles), simulation en 3D

un jours le peintre britannique Turner a rencontré Eugène Delacroix. ce dernier était à l'époque un dandy réputé dans tout Paris. l'anglais, assez âgé d'ailleurs à demandé au jeune dandy de lui montrer ses mains. les mains du français très soigné ont fait une mauvaise impression sur Turner; la légende dit qu'il lui a reproché de ne pas avoir les mains d'un vrai peintre...

la culture. rien de plus vague dans notre société de consommation vorace.

un appétit pantagruélique hâte notre quotidien. un nouveau film, très bien, mais quoi de neuf dans ce film? quel son ou image ou autre trouvaille du metteur en scène le rend inédit. culturellement digérable. une scène nue. interdit au mineurs. en, fait c'est pas mal, cette façon indiscrètement délicieuse de montrer deux corps en train de s'unir, de faire l'amour (l'amour?), de baiser, de... pas mal (articuler le 'l' à l'anglaise) pas mal-l-l, mais certainement un déjà vu. donc un plagiat tacite d'un coup cinématographique qui a bien choqué l'imaginaire puritain de nos parents. il contient sans doute un certain potentiel culturel, mais est-ce de la culture?

dix-sept heures. le public est en retard. les acteurs défilent dans les coulisses. on entend leurs pas inquiété. on jouera un grand classique. ah bon? semble-t-il le metteur en scène a interrompu sa tournée britannique. ce spectacle a fait la grande surprise de la saison théâtrale berlinoise. c'est vrai? bah oui. les Anglais jaloux l'ont fait signer un sacré contrat pour qu'il mette en scène la même pièce chez eux. les Français, plus habiles, l'ont entraîné dans le tournage d'un film sur la vie de Vian. il travaille jour et nuit, car le film est déjà à l'affiche pour le prochain festival de Cannes. un petit bonhomme de l'Europe méconnue fait tourner la tête d'un spectateur tellement prétentieux. il a inspiré ses décoration pour la présente mise en scène de l'expressionnisme allemand.
l'attente les fait louer le coupable, mais après la fin ils sont tous convaincu que la nouveauté est douteuse, même si l'art est bien ancré dans les créations du bonhomme en question.

un jeune couple entre dans une exposition de peinture moderne. les deux ont un faible pour l'art. elle adore Dali, lui éperdument attaché aux toiles de Magritte. ils s'y promènent en constatant avec stupeur un art distant qui crache aux yeux du spectateur un choc d'une intensité de post adolescence. des photos noir et blanc. un oeil virtuel focalise le sexe des personnages inconnus. des poupées barbie qui s'éventrent, s'arrachent le phoetus; des membres en plastique baignée dans le sang du photographe. Rh +. pseudo tentative de sacrifice au nom de l'art (il a du acheter une nouvelle collection de poupée pour consoler les pleurs enragées de sa petite fille...). un pied souple, qui fait rêver sur la tête monochrome d'un individu dont il est quasiment impossible de découvrir le visage. une tension érotiquement tendue, le plaisir d'exhiber cette intimité, une grande mise sur le plaisir des autres de le voir et un trou béant qui crie l'absence de l'art dans cet opus. un peu plus loin de belles vaches en peau Louis Vuitton, un singé en posture messianique (le grand plaisir qu'on prend à noyer les idoles des autres? non, elle lui explique que la théologie moderne donne du sens à un Christ dont le sacrifice est universel, pour les hommes comme pour les bêtes)... cet art contemporain déprimant qu'il se force de comprendre sans y arriver pour de bon. il le trouve vide, dépourvu de racines, trop contextuel et peu conceptuel, bâti sur un désir maniaque de nouveauté, de couleur criarde qui n'invite plus à admirer mais à dénoncer, à hurler le Babel que nous sommes, à déchirer le regard du passant dans de sodomogomhorres itératives, un infini tautologiquement (et pathologiquement aussi) reflété dans des miroirs sans fin logique. l'éternelle mise en abîme que nous sommes. qui sommes nous. d'où venons nous. ou allons nous. l'art est mort. très bien allons boire son sang, mordre son cadavre, mettre en scène des orgies sur sa tombe imaginaire, secouer nos corps incapables de comprendre cet art sourd-muet (sur-doué?)

le 29 mai 1913, lors de la première du Sacré du Printemps de Stravinski au théâtre de Champs-Elysées à Paris, le publique n'a même pas résisté une demi-heure. la crème de la société de l'époque ont accusé l'auteur de barbarisme et manque de génie. un siècle plus tard c'est un chef-d'oeuvre incontestable de la musique classique moderne.

est-ce donc une certitude le fait de ne pas pouvoir goûter l'art de son époque?
ps: réponse à venir dans un siècle, entre-temps changez surtout pas de blog

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