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mardi 1 février 2011

sur les classiques et les petits oiseaux endormis


les classiques... un thème qui fâche, un thème qui n'est plus en vogue (malgré les années littéraires qui leurs sont dédiés et les journaux de leurs épouses-maîtresses-névroses qui sont publiés plus récemment).
outre les opéras de Puccini, les concerts de Mozart ou les symphonies de Haydn, les classiques littéraires sont plus lourd à digérer. et cette digestion postérieure concerne moins l'activité littéraire que tel ou tel écrivain a légué à la postérité, mais plutôt les clichés que les différentes époques sont allées chercher dans leurs époques et les attitudes que l'on a su prendre vis-à-vis des limites de l’interprétation.

une chose est sûr et certaine, un classique n'est plus qu'un classique, ça sert à rien de lui gommer certaines parties afin de lui attribuer d'autres qualités ou victoires, un poète national n'est pas un lave détergent universel, ce n'est pas un morceaux d'élastique qui puisse intégrer toute la nation (de toute façon n'essayez même pas, car y aura toujours quelqu'un à rester dehors), et puis, il ne faut point leur reprocher ce qu'ils n'ont pas été (valais mieux faire ceci avec les vivants, qui ont encore cette merveilleuse faculté de changer, pourvu que l'on trouve le bon reproche...), mais une fois qu'on les apprécies, de compter plutôt leur mérites et non pas leurs lacunes

à cette discussion sur les classiques, poètes nationaux et autres, s'ajoute un point extrêmement sensibles qui met en place (miraculeusement) des armées de soupes au lait fort sensibles à toute remarque concernant leurs génies nationaux (détail que l'on pourrait attribuer sans doute à l'immaturité nationale de ces peuples - pour vous en convaincre essayer de parler à un Français sur points faibles de V. Hugo et puis faites le aussi avec un Roumain [mais plus avec Hugo :-P]) - les classiques de l'Est européens

des Russes et des Ukrainiens en train de se partager l'oeuvre de Gogol, des Roumains et leurs éternels amis les minorités hongroises en train de bouder le poète national Eminescu etc etc

le cas d'Eminescu est peut être plus intéressant. romantique tardif, génie quoi que l'on puisse lui reprocher, homme de lettres d'une vocation encyclopédique, pris en otage au fur et à mesure par les dictatures et les régimes totalitaires (à noter que jusqu'à la chute du communisme il était poète national dans deux pays communistes - Roumanie et Moldavie, chacun des pays insistant sur l'appartenance du classique à son patrimoine culturel, donc il était à la fois Roumain et Moldave, ce qui grâce aux camarades de Moscou durant une longue époque a été une chose contradictoire...)

mais hélas, un poète n'est pas un meuble que l'on puisse partager, redorer ou réparer, il est d'abord un homme de son temps, un homme qui fait la somme de certaines valeurs, qui lit beaucoup (se rappeler l'épisode berlinois de la vie d'Eminescu, sa valise bourrée de livres), qui écrit malgré tout et qui est aussi un homme, un peu comme tout les autres si on ne compte pas son oeuvre, avec des qualités et des défauts, des croyances et des doutes, comme on l'est nous aussi, n'est pas?

et bien si je reviens cette fois si à Eminescu, que j'apprécie avant tout pour sa proses et ses poèmes (sans doute parce que j'aime plus la prose que les vers), mais aussi parce qu'il est plus visionnaire dans sa prose et plus romantique dans ces vers, et moi j'ai un problème avec la façon bavarde des romantiques de faire ancrer leur sentiments pleurnichards en rime et rythme (j'aime surtout le vers laconique post baudelairien). ce qui me semble énervant dans le cas de ce poète, ce la façon de concevoir son oeuvre par clichés, à tel degré que c'est fait des lunettes et l'on ne voit plus que ça poésie pour les ados et les enfants, des petits oiseaux endormis devant les moues idiotes des lecteurs naïf. non que j'exige de chacun un lecteur expérimenté (je suis certes utopiste, mais pas à ce point), mais il faut cesser traîner les mêmes idées derrière soi, il faut évoluer peu. vous vous imaginez quelqu'un qui mange depuis 30 ans le même plat tout les jours? une omelette par exemple (30*365*3=32850 omelettes!!!!!!) difficile à imaginer, hein? alors pourquoi faire le toutlemonde, pourquoi laisser des clichés se promener dans votre discours sans même changer d'habit comme des charbovarys (pour en citer un autre grand classique)?
pourquoi donc dire qu'Eminescu vous apprend à aimer (citation de Camil Petrescu), s'il ne vous l'apprend pas? faut il aller jusqu'à interdire la poésie aux gens qui ne la comprennent pas juste pour ne pas entendre des commentaires copié-collés? et voilà une question qui pourrait faire la réflexion de certaines associations incertes (le dico me suggère inerte :-)) lors des manifestations culturelles

d'ici là il faudra revisiter les classiques ou au moins les fiches un peu de paix, en les épargnants des commentaires passepartout.

PS: petits oiseaux endormis, bonne nuit....

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