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mardi 8 février 2011

les racines russes du black swan


black swan, le cygne noir qui hante l'inconscient, incorseté dans des "il faut pas" et d'autres règles que certains se hâtent subir chaque jours. (j'espère que la perfectionniste puisse saisir l'allusion de cette première phrase...)

la dernière création de M. Aronofsky, comme tous ses films d'ailleurs, se penche sur la figure d'une jeune fille prisonnière de son perfectionnisme. un film profond et angoissant pour sonder le monde de la danse, du ballet pour être plus sur.

c'est du classique. un point départ russe - peut être à cause des racines lointaines que le metteur en scène a avec ce pays. quoi que l'on puisse dire le film est construit sur la somme des paradigmes russes.

Aronofsky a dit dans ces derniers entretiens que c'est "Le double" de Dostoïevski qui l'inspire, mais aussi sa soeur, qui pendant son enfance a fait du ballet. c'est aussi "Le lac des cygnes" de Tchaïkovski, le sacré saint du ballet, qui jongle avec le double, cette fois les deux cygnes, le blanc et le noir, les deux parties étant jouées par la même ballerine.
et puis quoi de plus russe que le ballet? à compter les saisons russes en France au début du XXe. il y a encore le nom de la protagoniste Nina et sa popularité dans chez les slaves ou les orthodoxes.
ou autre thème, lui aussi russe, celui de la femme enfant, qui apparaît chez Tolstoï, dans "Guerre et paix" - Natacha Rostova, mais surtout la princesse Marie, soeur du prince Andreï, qui est tout simplement terrorisée par la nature perfectionniste de son père, nature qu'elle ancre abondamment dans son âme.

et bien, pour ne pas bavarder trop littérature, la Nina d'Aronofsky, cette femme enfant qui s'écroule sous le poids de son perfectionnisme, de son impérieux désir de faire sortir le côté noir, inconscient de sa personnalité afin de bien faire la danse du cygne noir - me fait penser, somme toute, aux personnages d'Elfriede Jelinek. or, Nina n'est plus l'image complexe du réalisme, mais un microcosme, d'une étonnante sinuosité de l'esprit allant du génie à la paranoïa, de la sexualité aux troubles de l’inconscient.

un grand avantage du film - une excellente performance de Natalie Portmann, un rôle qui lui a fait huit mois de danse et qui exigeait d'elle une silhouette squelettique, ce qui la font une des favorites pour le prix d'interprétations.

un film bon tout simplement. à voir (si vous n'êtes trop sensibles au style un peu fataliste d'Aronofsky) après un petit verre de quelque chose de fort (pour qu'on ait les nerfs détendus) [pour rimer avec les références du film, vous pourriez opter un shot russe...]

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