j'ai toujours été sensible au monde du septième art. une sensibilité prenant sources dans la volupté d'avoir devant ses yeux l’épanouissement d'un imaginaire sans précédent. son, images, mots, jeu des acteurs, suspens, la main invisible du metteur en scène, le jeu sur la sensibilité ou les limites du spectateur... il y a tout, jusqu'à créer une dépendance.
le dernier film que j'ai tout simplement adoré c'est "Le discours du roi" (The King's speech) avec Collion Firth et Helena Bonem Carter. un film d'une rare pureté de l'image, sans explosions, monstres ou espions, mais avec un roi bégayant, chose qui le rend paradoxalement humain et vulnérable. or il ne s'agit pas de n'importe quel roi, mais de Georges VI, roi d'un empire en grande métamorphose, comme d'ailleurs le monde entier à cette époque.
au début de son règne la Grande Bretagne est le plus grand empire du monde, à la fin c'est juste un royaume (comme tant d'autres?). c'est donc un monarque pendant une époque des troubles, un chef d'Etat qui doit savoir parler à sa nation, l'encourager en temps de guerre (Seconde Guerre mondiale) et la consoler après les grandes pertes. c'est aussi une époque ou les peuples misent beaucoup sur le côté charismatique de leurs leaders, sur leur force d'expression, qui est comme l'histoire nous la montre, une puissance incroyable, pouvant mobiliser une nation contre une autre. voire l'exemple d'Hitler, de Mussolini ou de Charles de Gaulle. difficile de bégayer à une époque ou les discours des grands font la pluie et le beau temps dans le monde (non que ça ait beaucoup changé, mais on est quand même moins sensible aujourd'hui aux grands discours ou du moins l'effet qu'un discours peut faire sur un peuple est beaucoup plus limité dans le temps)
c'est quoi le pouvoir de s'exprimer devant les gens, de pouvoir les calmer ou les convaincre si ce n'est pas la voix? si on revient à l'exemple de de Gaulle - son discours à la BBC qui marque le point de départ de la résistance française; son fameux "Je vous comprend" pendant la guerre en Algérie ou son osé "Vive le Québec libre" à côté du premier ministre canadien. il mâchait pas ses mots, le général, une précision visionnaire et un grand élan dans ses discours, des mots qui ont bâti toute une époque.
c'était donc vital de bien parler à son peuple. mais un roi bégayant et surtout un qui vit un drame intérieur à cause de son défaut, ça risquait de tomber dur dans ces temps des troubles pour une nation toute entière.
Why should I listen to you? Because I have a voice!
le film montre l’impressionnant parcours du roi qui apprend à parler, en dépassant le bégaiement, mais surtout son complexe lié à ce défaut de parole. extraordinaire jeu du comédien Collin Firth, c'est vraiment le rôle de sa vie (du moins jusqu'à présent)
l'histoire est d'autant plus intéressante si on compte le fait que le monarque apprendra à parler à côté d'un grand spécialiste qui, en fait, n'est qu'un acteur malheureux, amoureux de Shakespeare, rejeté par les théâtres britanniques en partie pour son âge, en partie pour son accent.
un autre attrait la performance de la comedienne Helena Bonem Carter, que le spectateur c'est habitué de voir en sorcière ou, plus récemment, dans le rôle de la reine Rouge dans la dernière adaptation d'Alice. c'est littéralement un bijou, le rôle qu'elle fait, fin et discret, mais également savoureux et chaud, comme une bonne tasse de thé anglais. son accent britannique est tout simplement ravissant.
un film qui fait 100% sur 100%. à voir absolument, en anglais britannique, bien entendu.
Long live the king...
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