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mardi 30 novembre 2010

Semper sint in flores, Romania


the image of the snowy city inspires me a lot. I actually had the intention to focus on something else tonight. yet the snow changed my mind and now I am in a very creative mood.

je viens d'avoir une petite conversation sur fb sur l'avenir du roumain en Moldavie. oué, en Moldavie ou y a encore suffisamment de fous qui votent pour le parti communiste et rêvent l'Europe, ou la vie est juste un dur combat avec pauvreté, misère, entêtement, bêtise etc. et bien, après la défaite des pro-européens (à comprendre ceux qui utilisait "Europe" pour bien vendre leurs idées de démocratie pourrie). donc le roumain en Moldavie, on le voie en voie de disparition, car la menace du russe, ce que je trouve exagéré et un peu trop prétention, surtout à la veille du 1 décembre.
en fait je ne vois pas pourquoi le roumain serait-il en danger dans notre pays pourri. tout au contraire il n'a peut être jamais été mieux qu'à présent. d'abord parce que la nouvelle génération refuse constamment le russe et s'oriente vers l'anglais. ensuite parce que le marché est beaucoup plus ouvert et donc on a accès aux publications en bon roumain même si on est en dans un village pourri. si on entre sur internet donc on bénéficie d'un vaste réseau de journaux, sites d'info ou encore communication en ligne avec des roumains du pays, les dictionnaires et les livres de grammaires n'ont jamais été plus dispo qu'à notre époque. en plus le journal le plus important de Roumanie aura prochainement une édition de Chisinau, il y a des chaînes de télévision en bon roumain qui, certes, sont disponible surtout dans la capitale et aux alentours, mais Paris n'a pas été fait en un jour.
certes le roumain ne figure toujours pas dans la constitution moldave, car le passé communiste y a inscrit le "moldave" comme fière langue d'un peuple d'on le crâne est bourré de soviétismes.

mais pensez un moment pendant la période soviétique le roumain de chez nous était limité dans son usage, était parasité par l'omniprésence du russe dans la rue, dans les médias à un tel point que l'argot des moldaves de cette époque-là est... l'argot russe (on a donc bien appris quelque chose). à l'époque on devait écrire le roumain avec des caractères cyrilliques, mais malgré tout le roumain a survécu dans le coeur de ceux qui l'ont vraiment aimé.

or, ce qui nous reste à faire aujourd'hui non pas de faire des organisations moldo-roumaine (afin de faire connaitre aux autres le fabuleux chou farci de chez nous), mais de bien véhiculer un bon roumain, d'être un peu plus pédant avec soi-même dans sa manière d'articuler les mots de sa langue maternelle, de lire davantage en roumain, de penser en bon roumain et non pas de se réfugier dans la petite conscience de ceux qui prédisent le grand retour du russe.
ceux qu'il faut vraiment faire est de ne pas s'attrister quant on constate que les moldaves n'ont pas l'accent de la grande capitale, mais de parler le roumain dans son pays, d'être fier de le parler, sans se réfugier dans un anarchisme bon marché qui tourne la tête des jeunes.
car le plus important est non pas de parler sans accent, mais de penser sans accent et de ne pas oublier que le roumaine est notre patrie à tous (même si ça risque de paraître un peu bizarre dans en français). le roumain va vivre en Moldavie, tant qu'il sera vif dans l'âme des Roumains de Moldavie.

Sepmper sint in flores, Romania! (j'anticipe un peu le premier décembre...)

mercredi 24 novembre 2010

un masque d'Ulysse picaresque


ce matin je me suis réveillé assez tard, ma tête enfoncée dans l'herbe fraîche - quelle joie, j'ai du dormir dans ce magnifique champ. j'essaie d'attraper un fil avec mes lèvres endormies. nom de pipe, je sens un goût pourri de moquette... eh, oui j'ai la tête lourde, la jambe gauche me fais mal, j'ai du m'écrouler à côté du lit. je me lève avec grande peine, très bien, même pas le temps de se déshabiller hier soir... le miroir me montre de jolies traces de moquettes sur mon visage. j'ai soif. Bonjours, chevalier de la triste figure...

aspirine, café, longue promenade sur les rues glaciales de G'nève. assis sur un banc au jardin des Bastions, je vois une collègue passer en courant presque. elle doit être en retard, celle-là. comme elle se la pète avec ses cours, son grand choix des cours haut de gamme. tant pis, ma belle, de toute façon science sans conscience n'est que la ruine de l'âme... encore un café. béni soit le nom de celui qui a découvert cette boisson magique. encore des collègues passent au loin comme des figures flues dans une peinture impressionniste. impression, soleil levant. et moi, j'ai du mal à me lever, j'ai la tête lourde même après le quatrième café. même le vent impitoyable ne réussit pas rafraîchir mon mémoire.

réfugié dans la salle de lecture, je plonge dans la lecture du dernier Houellebecq. ce serait pas mal du tout de pouvoir écrire un livrer sur sa vie intime. après de longue descriptions indiscrètes je vais dédicacer ce livres à toutes mes ex. j'ai un creux dans le ventre. how deep is your love. putain, y en a qui oublient d'éteindre le natel même dans une salle de lecture.
je vais inventer un artiste vagabond perdue dans ses réflexions dans une cité au bord de Houdson. je vais pas donner de vrais prénoms, mais je me contenterai de donner les moindres détails, caresse, désir, envie, échec, amour charnel, platonique, absent, exilé, faux, inexistant. l'amour dans tout ses états de Béatrice à Justine.

perdu dans mes réflexions j'ai à peine entendu une voix annonçant la fermeture de la bibliothèque. le bise m'arrache impitoyablement de mon projet de grande écriture. putain, y a trop d'histoires de cul sur le marché. certes, on peut vomir une autobio dégueulasse avec un style à mi chemin entre Nabokov et Bukowski, à condition de se trouver un bon agent littéraire qui puisse faire vendre même une paperasse.

j'ai enfin fin. j'entre dans la première trattoria. penne carbonara arrosé avec un bon vin. la cuisine italienne ne cesse pas de me plaire. dolce fer niente un petit digestif à la fin et je me perd dans la nuit genevoise. je m’arrête sur le même banc aux Bastions. il fait froid et y a presque personne autour. au loin je distingue la silhouette d'un couple perdu dans un baiser sans fin. les amants du siècle. lequel des deux aura le pervers courage de décrire ça dans un roman sur les amours passés?

le cris des mouettes. le vol en zigzag, noir et blanc, une quette du ciel, tout comme chez de Stael. il fait très froid. il neigera cette nuit. je me dirige chez moi à côté d'une fatigue qui me ferme déjà les yeux avec bouche tiède. je vais rêver de tous mes ex sur un immense chant de coquelicot ou dans une vallée enneigée. je vais leur dire combien je les aime ou je les déteste, pourvu que je trouve les mots justes...

et peut importe ou je serais dans une année ou cinq, sur les rues aveuglantes d'un paradis occidental ou dans mon Itaque pourrie en Ulysse picaresque...


dimanche 21 novembre 2010

ballade picaresque genevoise


sept amants malheureux se sont réveillés un matin froid d'hiver dans sept quartiers différents de la ville de Genève (même s'il y a en pas autant à Genf); trois d'être eux ont vite prix le café, deux un thé et les autres juste une petite clope avant de s'habiller et de plonger les rues calvinistes de la cité sans nuits qui s'ennuie (et eux avec la ville).
sept amants malheureux ont croisé le même tramway dans le centre-ville, n'ont pas remarqué les mouettes survolant la petite fontaine et, dans la pénombre d'une heure malheureuse, se sont entêté de connaître coup de foudre pour la même fille (qu'ils connaissaient tous, sans la connaître pour autant)à des heures différentes de la même journée.
sept déclarations muettes, sept refus sincères, sept incompréhensions continues et les sept amants malheureux aveugles devant la sainte simplicité d'une réponse sincère
sept bouquets laissés sous la fenêtre de la jeune fille, sept poème maladroits écrits ou non écrits, sept regards jaloux accompagnant le pèlerinage poétique de la jeune serrant dans ses poings le temps retrouvé et encore sept frustrations quotidiennes comme point de départ pour les mauvaises langues
sept ombres picaresques des chevaliers qu'ils n'ont jamais été trop attachés à leur orgueil masculin et à la simple incapacité d'avaler le non de l'autrui
sept amants malheureux bloqué dans les rues d'une humble possibilité de sentiment alors que la vraie vie coule à grand flots sous leurs nez
si seulement on pourrait comprendre l'entêtement de vivre sept chagrin d'amour au lieu de délivrer la personne aimée? drôle de ballade picaresque de sept amants malheureux...

t'as inventé le soleil couchant
sur la peau lisse d'un miroir apaisé
une lumière versant ses tourments en mille étoiles aveuglantes

la mer, la mer enterrée dans tes yeux, loin des hivers de mon âmes,
la mer dans tes yeux, un gouffre irrésistible
pourquoi donc n'y suis-je pas tombé, même pas une seule fois?

mon âme danse nu-pied dans les cieux d'une peinture oubliée,
les rivières, les sources, les pluies se font miroirs dans nos rêves
on y dessine les doigts tâchés de lumière
la beauté oubliée d'un monde printanier

laisse-moi les oiseaux, je les dessinerai blanches, embrassant l'horizon
invente-moi le vert d'une terre accueillante pour mes poèmes non écrits

mes rêves avec toi ne sont que battement d'ailes et cieux
allons nous perdre dans les méandres d'un soleil couchant


samedi 20 novembre 2010

réflexions autour du dernier Houellebecq

j'ai jamais lu du Houellebecq (chose bizarre le correcteur grammatical du blog semble dépassé par le nom de l'écrivain, le soulignant un rouge). à vrai dire j'ai commencé deux ou trois fois les 'Particules élémentaires', j'ai lu des poèmes certes, mais pas un roman. manque de temps, trop bourré par les études, manque de volonté ou que sais-je encore, mais comme quelqu'un qui suis plus ou moins l'évolution des lettres françaises, je me disait souvent qu'il faut le faire.
le dernier Goncourt a été la dernière goutte (même si j'ose dire que j'suis pas snob du tout), donc sans attendre (et malgré le prix un peu plus élevé en Suisse), j'ai procuré le livre le 8 novembre même et je suis plongé dans la lecture tout de suite.
c'est un très beau livre, bien écrit comme vous pouvez le deviner, un roman qui met sur la balance l'art et la vie, l'objet et sa représentation (d'ailleurs le titre 'La carte et le territoire' me fait penser dans cette direction).
construction classique - un prologue, un épilogue et trois partie. un moto de Charles d'Orléans 'le monde est ennuyé de moy,/ et moy pareillement de luy'
une narration savoureuse présentant la vie de l'artiste Jed Martin, un artiste parisien qui devient célèbre en photographiant des vieilles cartes Michelin, et avec lui on fait des incursions dans la vie artistique parisienne.
l'artiste est très peu sociable, a une relation particulière avec son père, ne connaît que très peu de femmes dans sa vie (car on va l'accompagner jusqu'à sa mort), a trois périodes de création (photographie, peinture et montages vidéo) et, ce qui va vous intriguer, rend plusieurs visites à un certain Michel Houellebecq, écrivain français habitant en Irlande.

le roman a, certes, un côté très people - vous y rencontrerez le nom de plusieurs starlettes (d'Angelina Jolie à Paris Hilton) et jusqu'à la présence extravagante de Frédéric Beigbeder. mais n'est parce qu'une people-isation du milieu artistique?

les curiosités ne manquent pas de ce livre, une choses que les lecteurs vont sans doute apprécier - l'anecdote d'une toile avec Jeff Koons et Damien Hirst se partageant le marché d'art (d'autant plus belle avec les traces de vomissement dessus), une père qui s'achète un beau suicide à Zurich [les fameux marchands de mort, pardon, suicide] (et puis le fils qui gifle une dame de l'administration de cette compagnie pour son air insensible), Olga, une belle russe aux jambes parfaites ou encore le meurtre d'Houellebecq (à ne pas lire littéralement) et toute une enquête policière que ça produit par la suite.

c'est donc un roman qui touche à l'actualité, qui décrit même notre société post industrielle en pleine décomposition (c'est d'ailleurs la décomposition qui préoccupe Jed Martion dans sa troisième phase de création), sans pour autant en devenir pathétique.

c'est donc LE Goncourt de la décennie et un livre que je vais sûrement relire et que je vous conseille absolument.

bonne lecture et bonne nuit (je suis obligé de m'arrêter ici, car mon français commence à craquer sous le poids d'une nuit blanche)

Shakespeare ou le miroir des vanités


lorsque le trône du monarque n'est qu'une banale chaise roulante, on a vraiment tord d'y rêver
ainsi rêve-t-on un monde sans expiation dans lequel on sera emmuré par les vanités prenant possession de notre âme...
la mise en scène de Richard III de Will, une vanité baroque, mais quelle vanité - les fourberies royales portées à leur apogée
des meurtres, du sang, des trahisons - menu royal, ingrédients métaphysiques - quel délicieux festin...
un Richard, ombre de Mackbeth, qui grimpe vers le pouvoir pour y connaître folie et néant
une sorte de requiem shakespearien (j'ai cru même entendre des notes du Requiem de Mozart)
la scène - reproduction mimétique du théâtre Globe, une demi sphère (schème de la monarchie à l'anglaise?), des miroirs disposé en demi sphère encore - une suite interminable de mise en abîme si chères au dramaturge britannique.
musique, lumières (avec cette 'éclipse' aveuglante vers la fin), la douce métaphore de la mort (qu'Alice a tant aimée) avec le tueur passant un éponge plein de sang sur le front de ses victimes, qui juste avant d'être tuées enlèvent leurs chemises (symbole de résignation devant leur fin inévitable) et surtout les chaines suspendues, leur voix métallique ou encore Richard et le compte de Buckingham devant le microphone - le futur monarque mimant la modestie et abaissant le micro devant les citadins.

un peut être un dernier détail - les femmes dans cette mise en scène - mères, reines, veuves, toutes en deuils, toutes admonestant leurs adversaires, anciens ou présent, des mots de haine qui pèsent lourd sur la vie imaginaire des personnages - un monde sans amour est un monde en deuil (cent ans de solitude sans doute)...

qu'est donc un roi qui ne sait le prix d'un royaume (Le Roi Richard― Un cheval ! un cheval ! Mon royaume pour un cheval !) et combien y en a-t-il dans notre monde?

c'est le meilleur spectacle que j'ai vu à Genève et je voudrais féliciter M. Valentin Rossier pour cette création haut de gamme (j'espère qu'Alice va le lui transmettre)

la force du verbe shakespearien est un miracle
dommage qu'au lieu de lire inlassablement les créations du grand Will, les gens font la guerre aux autres.