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samedi 24 avril 2010

la fille aux yeux verts - une vie en lectrice proustienne




tout commence avec la voie roque du réveil matin. tes yeux commencent à s'agiter sous tes paupières. six heures moins dix. après un long moment d'hésitations tu te lèves avec beaucoup de peine. pas évident les matins sans café. zut, t'as plus de café. tu râles sous la douche, râle dans la cuisine. c'était vraiment pas le cas d'oublier. une cigarette de t'aide pas trop. la douche froide n'a fait qu'approfondir ton mauvais humeur matinal. bref, un des matins qui font chier tout le monde et qui nous fait emmerder les autres. y aura pas de miracle. pas ce matin en tout cas. à cause de ce putain de café t'as oublié une boucle d'oreille chez toi, tu cherches un autre au bar le plus proche, juste le temps de rater le bus, or, pour bien finir un matin qui a déjà mal commencé il faut être en retard au boulot pour que le chef te tape dessus. le café avalé à la hâte t'a brûlé la langue. t'as la tête lourde. fallait pas rester jusqu'à une heure du matin à lire Proust. fallait pas? mais si, c'est un des moments ou tu descend dans un autre monde, un univers de sensations métaphoriquement enlacées autour de ton imagination. le style de Proust de fait du bien. d'abord t'oublie the dying animal, ce livre frustrant, tellement machiste, tellement sec et puis sa te rappelle ton enfance à Aix. ah, ce temps incroyablement sonore, des après midis sous le soleil méditerranéen, tu coures nu pieds sur la plage, le sable chatouillant ta peau.

au lieu d'aller déjeuner tu choisit le bar le plus proche. espresso doppio. une heure entière dans ce monde onirique proustien. faudra pas oublier de commander le café par internet, mais d'abord tu achèteras en ligne le volume suivant du roman. la lecture envahit ton esprit, tu fumes lentement, inconsciemment presque. tes gestes ce succèdent avec une régularité cartésienne. tu ne remarque point le jeune homme de la table voisine. ça fait dix minute qu'il te regardes avec l'obstination de retrouver ton regards. il se demande si tes yeux sont verts ou noirs... mais toi, tu es loin, tellement différente du monde qui t'enture.

il te suit jusqu'à ton bureau. il pleut. tu rentres à grade vitesse. les goutes et la bises ne réussissent pas à t'arracher du monde proustien. les trois heures et demi de boulot s'écoulent vite. t'as enfin réussi à te réveiller. ta tête est plus fraîche que jamais. c'est décidé ce soir tu vas à Tate Modern avant d'aller chez toi. quelle illusion. lui, il t'attend en bas. dix-huit heures. tu souris en sortant à tes collègues et puis tu sort en grande vitesse pour réussir de prendre le métro. mais à la sortie tu te heurtes d'un jeune inconnu. de cet impact ton bouquin tombe par terre. il va le cueillir. pour la première fois vos regards se rencontrent. il constate avec un petit air narcissique que tes yeux sont vers. 'émeraudes'-'pardon?' au bout de la deuxième phrase il t'invite à prendre un café avec lui. tu hésites, tu pense refuser, mais pour l'instant t'as du mal à dire non. te voilà donc avec un quatrième café à jeun. pas ton ton nouveau régime...

est-ce Proust qui vous a mis ensemble. surtout pas. c'est le pur hasard, pourtant c'est bine le livre qui t'as fait rêver les yeux ouverts pendant toute la journée, c'est lui qui t'as redu accro au café et qui t'as caché dans une couche mystérieuse de solitude savante.

s'il faut aimer le beau, c'est pour apprendre à aimer, pour se laisser et se faire aimer, pour sentir doucement, inconsciemment un poème inédit que vous allez écrire chacun(e) à vos goûts à partir d'une nuit blanche sous le signe de Proust

les pommes newtoniennes: les papillons et le crâne


après une courte réplique les pieds sur la terre je revins au français et aux digressions lyriques qui me hantent l'inconscient

c'est paradoxal comme un instant ou une personne peut nous ouvrir des portes inédites sur la vie, la perceptions des autres, le microcosme dans lequel on vie ou bien sur nous même

la première fois qu'une personne m'a dit que notre monde reste dominé par la soif de pétrole et la mégalomanie d'un petit groupe de vieillard de souche bourgeoiso-judaïque (le prof a autrement formulé ses propos), et ben, je lui ai ris au nez: sur le point de lui dire qu'il se foute de ma gueule, j'ai commencé à débiter devant lui des propos idéalistes, à le convaincre que l'export de démocratie se fait par la bonne foi des autres pour éradiquer la mauvaise volonté des anti-héros (quel con); deux ans après je découvrais la realpolitik, une expérience particulière de la série la pomme de Newton (celle qui tombe sur ton crâne afin que tu puisses découvrir une autre dimension du microcosme de ton existence). bref, j'étais plus Candide que le héros de Voltaire... heureusement que les eurêkas existent

après une décennie d'étude passionnée de la littérature, après de longues soirées de lecture et une soif rabelaisienne de connaître (Trink!) j'ai eu besoin d'un seul cours, d'une seule idée visionnaire afin de comprendre que toute la littérature (ou presque) est un exercice répétitif de mélancolie, un jeu narcissique de mise en abîmes des miroirs... rien d'autre que l'histoire d'une longue maladie continentale transposé dans de belles expressions. certes, c'est une vision caricaturale, mais grosso modo c'est quoi la littérature si ce n'est une longue tirade mélancolique, des gens qui s'auto-sacrifient, des amants qui vivent pleinement leur séparations (afin de vous convaincre il suffit de prendre une feuille, de la séparer en deux, de mettre à gauche les couples célèbres de la littérature qui sont heureux et à droite - les amants malheureux; faire ceci pendant une minute, ensuite confronter les résultats. Eh oui, je sais quel est le résultat, c'est prévisible). ça signifie point que la littérature soit plus riche ou plus pauvre après cette découverte, ce qui m'étonne dans toute cette histoire c'est la profonde cécité dans laquelle on vit jusqu'à l'instant crucial d'une nouvelle pomme newtonienne. Monsieur Pascal, merci de m'avoir enlevé les lunettes, je vois beaucoup mieux maintenant...
faut avouer ma joie de savoir qu'il y reste pas mal de livres construites sur l'élément ludique -'Il nome de la rosa' par exemple (lecture impérative pour ceux qui l'ont pas fait jusqu'à maintenant)...

j'ai toujours soupçonné l'existence d'un ingrédient faustien dans la tour tordue de mon conscient - la curiosité, la volonté occulte de tout connaître, de tout savoir, de tout apprendre - par conséquent tout lire, tout écrire, tout vivre - en deux mots: mission impossible. à la différence de deux autres découvertes, ceci est une trouvaille de mon adolescence précoce... j'avais 13 ans lorsque j'ai lu le chef-d'oeuvre de Goethe pour la première fois. ce n'est pas une vanité de le mentionner dans mon blog (du moins je veux le croire), si j'en parle c'est pour avouer que cette curiosité est un des éléments clés de mon microcosme...

une des dernière découverte c'est le triomphe de la vie - c'est facile de mourir, mais plus difficile de ne pas être... à vrai dire c'est la pomme newtonienne d'Alice dans son nouveau rôle de papillon tropical (note pour ceux qui trouvent que j'utilise un sfumato exagéré - Alice est un être réel et une lectrice fidèle de ce blog, ce n'est pas un personnage inventé qu'à 30%; ici d'un jeux d'écriture 'je vais t'emmurer dans la coquille de mon poème' [heureusement pour moi elle a écrit le poème avec le chasseur de crocodiles avant de me connaître :-P] et qui s'y est parfaitement encadré. sa volonté d'apprendre à aimer la vie dans les cendres de ses tissus m'a particulièrement impressionné). ce que j'aime chez elle c'est la nouvelle métamorphose du poète qui rêvait avoir un crâne, au personnage papillon. comme ça arrive souvent elle a eu son crâne, une superbe relique d'une tête d'enfant, cependant il lui était impossible de l'accepter, car elle a perdu son corps hamletien. un crâne c'est pas mal, mais ça empêche si on veut s'élever une nouvelle paire d'ailes, tu le sais mieux que moi, Alice.

ma passion pour la musique de Stravinsky est assez récente, un hasard plutôt, mais indispensable pour mettre ensemble tous ces morceaux. à noter que ces pensées se sont matérialisé en étroite complicité avec la danse de l'oiseau de feu. après la jeune fille et la mort de Schubert, c'est la mélodie qui me rappelle le plus la vie d'un papillon...

Après notre très onirique promenade il ne me reste qu'à te dire 'Welcome back in your future, dear butterfly'

PS: je préfère interrompre le fil de mes pensées avec des points de suspensions en attendant une nouvelle pomme newtonienne au lieu de vous faire descendre dans le laboratoire de mes pensées brutes


de la prostie la bovarism politic: cronica mioritică


atunci când am creat acest blog intenționam să creez un jurnal de stări poetice, insă nu toate stările sunt în proximitatea imediată a Logosului...

pe scurt, Moldova, eternul tărâm mioritic, țara cu ochii de cârpa demonstrează cu încăpăținare imposibilitatea de a crea o elită politică în carne și oase
clasa politică actuală este umbra unei mișcări browniene, bărbați cu ticuri revoluționare care își zbiară curajul pe timp de pace, bufoni de tot soiul - de la cei ce-și sparg tidva de muchiile retoricii la cei ce se complac în exerciții de stil, frământări de limbă sau masturbări intelectuale

în spațiul pseudo-deliberativ al certurilor bizantine din politica mioritică de ultimă oră există nici mai mult nici mai puțin 3 tendințe speculative

A. unirea cu România - un mit preluat din retorica politică din prima campanie electorală a lui Base, pistă cu lipici pentru cei mai tineri, un happy end prin care se aticipează o poveste de câteva decenii. cică Moldova va intra în Europa, pe care geam, habar nu am, însă acesta e leitmotivul omniprezent... sigur clasa politică moldovenească a scos capul din noroi, au fost călătorii la Bruxelles și Washington, strângeri de mână, credite exorbitante, ameliorarea relațiilor cu Bucureștiul, scoaterea sârmei ghimpate de la Prut (de altfel șoferii de la Botoșani sunt foarte fericiți să își facă plinul la stațiile din RM plătinde de 2 ori mai ieftin - mici surprize pentru cei de dincolo) etc. intenții nobile sunt mai multe decât ar fi nevoie pentru pavarea infernului, însă materializarea lor e aproape absenta - în consecința un electorat cu buzele umflate, în special cei care am trăit revoluția Twitter, deci un electorat indiferent (a se înțelege absent) și o seamă de survivers revotînd ciuma roșie/comunismul.

B. bovarismul, deci imaturitatea politică e una din afinitățile alianței europene din spațiul mioritic - întâlnire accidentală dintre setea de putere (gen Lupu, tipu trandy who speaks english so good ți, gata de orice combinație pentru a obține președenția) și voința de a schimba ceva (parțial Filat); bufonii nu lipsesc (Ghimpu), nici bufonadele de altfel... tobeornottobethatisthequestion așiorianuși meditație de ultimă oră despre necesitatea de a participa sau nu la parada militară de la Moscova a soldaților moldoveni. de parcă am avea de ales. în condițiile actuale de realpolitika, de hard power (a se citi Rusia) și de faliment economic o apropiere de Rusia (nu în plan idiologic) ar fi favorabilă, o oportunitate de a trece la un alt nivel de comunicare. însa clasa noastră politică nu merge prea departe (vezi bine gândirea excesivă dăunează politicienilor), pentru că tre să vină Cioroianu la o emisiune politică pentru a formula ceea ce ai noștri nu prea au chef sau creieir? de parcă nu ar fi evident că Rusia e prima piața de desfacere a produselor moldovenești - exemplu viu exportul de vin moldovenesc, care nu a depășit decât oficial embargoul din 2007. e parcă Moldova ar avea pârghiile helvetice pentru a-și permite bovarismul politic.

C. jocul de-a reformele, bun pentru alungat plictisul clasei politice, când nu mai ai chef să răsucești fraze cu neologisme. reforma constituției - cică s-au adunat liberalii și au vrut să o facă pe istețul - au apelat la Comisia de la Veneția pentru a avea recomandările unor experți de calibru european. rezultat pur moldovenesc: comisia nu a înțeles esența dorinței de a shcimba ceva doar de dragul schimbării. unde dai și unde crapă sau logică moldo-liberală - a chema o echipă de experți europeni, a face mare publicitate (vai ce tari suntem noi că am gândit așa departe) și toate astea pentru a respinge recomandările. de ce să strigi că îți cumperi cal, dacă tot ramâi cu măgarul? mister moldovenesc.

cert este că țara nu a reușit să iasă din impas; ar fi bune fabulele parlamentarilor dacă moldovenii ar fi privighetori; nasc și la moldova oameni, însă extrem de rar cu stofa de politician -concluziile nu pot fi decât searbăde și lipsite de temei

of republic of moldova

PS: (morală mioritică) ei, las că mîine o să fie mai bine...


samedi 17 avril 2010

fast fury


j'ai jamais pensé qu'il soit tellement compliqué de s'entendre... c'est facile à débiter les mots, à dire des choses, c'est facile à décrire ce que tu ne connaît pas et encore plus dur de s'entendre
c'est facile de reprocher, de t'approprier l'état de victime, je pense à des choses, tu penses à d'autres, on a tous les deux la certitude de parler la même langue
mais un vraie gouffre entre nous deux
or, le problème c'est que chacun parle à son miroir, je parle à l'image que j'ai de toi, tu - au rôle que tu me colles à la peau chaque fois que j'ouvre la bouche devant toi

voilà donc notre vie passer comme une joute irréaliste, comme un funambulesque jeux de mot, on rit, on suggère ou encore on tue le sens, on s'enterre dans le stoïcisme d'un silence ordinaire

mais malgré tous les mots, tous les livres lu, la chair est triste, gavée de stéréotypes - on change les états d'âme comme des habits

et on rit, on rit sauvagement de notre propre bêtise

ce qui est paradoxal - plus on a des moyens pour s'entendre, moins on s'entends - la proximité nous rends sourds et aveugles, inertie à décrire devant des psy bien calés dans la matière... ma foi, hier en envoyant une lettre de Paris à Hong Kong on devait attendre jusqu'à dix jours pour avoir la réponse, aujourd'hui, dès qu'on envoie le message, on veut la réponse tout de suite; pire encore - si on l'a pas au bout d'une heure, on le prend mal, on se fâche - ah, il m'en veut, il a une dent contre moi, il veut que je me vexe - encore une heure, toujours pas de réponse
on rouvre la courriel, on relit le message envoyé, on cherche le mot qui l'a pu rendre plus susceptible que d'habitude... c'est pas vrais ça, comment j'ai pu lui écrire ceci... mais il va pas se fâcher juste pour cette phrase un peu dingue... je le croyait pas tellement sensible aux lettres ordinaires...

après trois heures toujours rien... on est au bout de sa patience... comme si l'autre ne faisait rien d'autre que lire et répondre à tes lettres, comme s'il n'avait pas besoin de manger, dormir, rêvasser, lire, prendre sa douche, aller aux toilettes, en avoir marre...

bref, dans ce marécage d'infantilisme affectif (comme Alice l'aurait dit) on sait pas du tout comment parler avec l'autre