une drôle de situation qui ranime les grands mots chez les Moldaves ce derniers temps. une société qui a du mal à ressortir de sa crise identitaire, étant d'habitude inerte et indifférente, s'enrage devant un simple projet de loi mettant en avant la prévention de la discrimination.
c'est plus que drôle, c'est un risible paradoxe, car si vous faites une promenade dans le centre de la capitale et que vous questionnez les gens ils vont bel et bien vous dire que l'on est tous égaux devant la loi et surtout devant dieu. à noter que cet équilibre finit dès que l'on invoque la différence. car pour le citoyen lamdba ça va de soit que ni les lois ni la divinité ne peuvent autoriser une vie publique des "ordures"... et oui, c'est un mot très usité par les grands défenseurs des valeurs du peuple pour désigner les minorités sexuelles.
cette fois si je laisse de côté la source des idées fanatiques de nos chers chrétiens (mais pourtant faut l'avouer que Loyola devrait être à la fois surpris et content de découvrir une continuité de l'inquisition si loin des terres ibériques).
cette fois on est allé beaucoup plus loin - on invoque le danger pour la famille, valeur primordiale de la société moldave. j'aurais dû y croire, sauf que moi, j'ai quand même une petite expérience des réalités moldaves. or, la famille y est en pleine décomposition - car faudra bien voir une valeur dans les centaines de familles qui ont du mal à survivre, des milliers de gens divorçant annuellement, une violence domestique qui secoue constamment cette valeur, et dont personne ne s'en soucis, ni la communauté, ni les autorités. or, l'esprit moldave c'est aussi une résignation nette devant le problème. on va pas trop ce casser la tête - c'est dur, mais c'est comme ça et l'on n'y peut rien. les autorités vont souvent invoquer cet argument pour ne rien faire.
et tout d'un coup cette famille en ruine devient un bel argument contra cette loi malheureuse. finalement l'idée d'une telle loi vient de Bruxelles, chose fort récente, donc je voudrais demander ceux qui s'y oppose - qu'est ce qui a empêché la famille d'être une vrai valeur jusqu'à présent? pourquoi cet pierre angulaire de la société est en pleine moisissure? n'y a-t il pas une partie pourrie dans cette pensée construisant une échelle des valeurs juste pour ne pas évoluer?!
car l'évolution fait du mal. au moins pour la société moldave. cette mutation douloureuse qui met en avant des pensées inattendues... un simple projet de loi et il y en a déjà qui considèrent l'Europe avec une risible myopie de l'esprit. il est très simple de cracher de argument quand on connaît très peu sur la réalité des choses. non, l'UE n'est ni le paradis, ni l'Eldorado, donc pas d'expiation ou de générosité hors commun. on peut y entrer mais, il faudra travailler d'arrache pied si on veut atteindre un meilleur niveau. les choses ne se limitent pas avec une simple adhésion, la Roumanie et la Bulgarie ont déjà cette expérience.
il est aussi curieux l'apparition d'une nouvelle génération d'internautes, les nationalistes. ce qui n'est pas mal en soi, surtout pour un petit pays qui est encore déchiré entre l'Est et l'Ouest. mais l'excès donne lieu à un raisonnement risible.
d'après eux, les Moldaves sont des Roumains, vérité que je partage moi aussi. mais, voyait vous, les Roumains sont plus religieux que le reste de l'Europe, ils ont plus de valeurs, que la communauté européenne met en danger. donc (et là une pause pour qu'on ait le temps de respirer profondément) l'avenir des Roumains (c'est à dire de la Roumanie et de la République de Moldova) c'est de s'unir et de se séparer des Européens - "afin de défendre nos valeurs".
dans un premier temps ça m'a fait rire. car c'est utopique, pour ne pas dire stupide. or, il suffit tout simplement de considérer la comparaison avec l'unification allemande (hélas les Roumains ne sont pas des Allemands) comme si la Roumanie a les frais d'une telle union. économiquement c'est impossible. du moins pour l'instant (cet instant qui cesse pas de durer dans le temps). si une telle union se fait, c'est uniquement avec un gros coup de puce de Bruxelles. une union en soi, en dehors de la communauté ne serait qu'une régression. on pourrait bel et bien imaginer des bilatéraux entre la grande Roumanie et l'Union, mais ce scénario est considéré avec plus de réserve pour des partenaires comme la Suisse ou la Norvège, et, sauf erreur de ma part (;-)), on est assez loin des deux modèles...
donc ça sert à rien de débiter des idées vides. il faut garder les pieds sur terre et ne pas tomber dans la tentation de déformer la réalité. il ne faut surtout pas tomber dans l'excès, car le sommeil de la raison engendre des monstres... et si on pense, il faut laisser aux autres le droit de penser, sans leur imposer nos visions. or, la raison du plus fort, n'est jamais la meilleure...
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