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dimanche 28 février 2010

matin-métro. point de départ


ce matin je me réveille à 6 heures deux secondes avant déclenchement de la voix rauque de ma nokia, je me regarde sans m'apercevoir dans le miroir du lavabo. aucune arrière pensée lacanienne ne m'est venue à l'esprit. ma brosse à dents a le goût humide d'un pêché ordinaire
à six heures et quart je prends mon café imaginaire dans l'ascenseur. descente métallique dans le ventre d'une nouveau jour.
le premier jour du reste de ma vie j'attends le métro dans une ville étrangère, dans une foule qui sent clope et café, parmi des têtes aux écouteurs d'ipod. des gens attendant au bord des rails.
le métro arrive, on descend, on monte. au bout d'un moment je me retrouve dans un wagon aux chaises jaunes, à ma droite une fille, cheveux frisés, noirs; elle lit un gros bouquin. comment peut elle lire en bruit et déséquilibre. à ma gauche un métisse, tête aux écouteurs, en train de bouger dans un rythme anonyme. je cherche un repère dans le livre de ma lectrice, je capte vaguement les sons de l'ipod voisin. j'ai soif. nouvelle station, on descend, on monte. la lectrice a une valise verte à ses pied, sale, on dirait des tâches de tomates. elle n'a pas l'air de renifler les boites aux bloody mary. ça peut être du sans sur sa valise. il peut y avoir un cadavre dedans. elle prends un gros couteau de cuisine et se jette sur la poitrine maigre de son amant. j'ai perce ton coeur au couteau, car mon amour n'y arrive plus. un cadavre sur le plancher de la cuisine, un lac de sang perle à côté. la lectrice enlève ses lunettes. elle me regarde. je suis son miroir elle s'y retrouve pas. ses yeux sont verts. comme sa valise, mais y a pas des tâches de sans dedans. nouvelle station, on descend, on monte. l'ipod et son métisse descendent. un type maigre repreds sa place. chemise verte sans tâche, bien repassée. cravate verte. pantalon gris. la faune qui meuble les bureaux des grandes compagnies de la vielle ville.
la lectrice remet ses lunettes. elle rouvre son livre, redescend dans sa lecture. j'ai pas eu le temps de voir le titre. elle lit quoi cette tueuse sans gages? une romance nerveuse? une fiction rose? trop tôt mettre à jour son libido. le bureaucrate vert n'est certainement pas un écolo. devant moi une vielle dame parle à son chien. je suis devant elle, j'suis sûr qu'elle me voit même pas. elle voit que son chien comme ma lectrice voit que son bouquin. on est tous dans un aquarium sur les rails. je noue mes idées. une dame au fond a un sac LV. du bling bling dans le métro. nouvelle station, on descend, des ados montent à bord. ils parlent fort. ils rigolent. le téléphone du bureaucrate se met à hurler. le vert parle d'une voix rauque. il doit fumer non esprit nihiliste aujord'hui j'ai rendez vous avec Mélanie avec Mélanie Laurent? demain je dîne chez des amis c'est donc son amante justement, je vais passer la nuit chez eux pas de chance ma petite, cherche toi un autre vert, y en a pas mal dans la ville mais non Laurent, peut être la semaine prochaine c'est à un mec qui parle, un amant trompé? il peut être libertin, mais pas gay.
les ados parlent trop fort. nouvelle station, nouveaux personnages dans ma fiction. un inconnu connu jean man. un homme qui vit la crise de sa quarantaine. lunettes harry potter, coiffure johnny haliday. la lectrice ferme son livre. elle laisse passer les ados qui migrent dans l'autre bout du métro. le chien aboie. la vielle dame râle. le jean man s'assoit à côté du vert. une tête aux écouteurs arrive à la place des ados. la lectrice enlève ses lunettes. nouvelle station. ses lunettes tombent par terre. le vert sort en vitesse. il écrase les lunettes d'une lectrice qui lit pas. le jean man se penche vite pour aider la victime. une obèse en herbe prend sa place. elle met son sac sur les genoux et avec ses mains courtes retrouve une moitié de croque monsieur. une vague odeur fromage salami se répand autour. regard furtif/fautif du chien. coup de foudre entre un chien qui salive et le croque monsieur. le jean man est devant l'ex-lectrice. des yeux qui cherchent à consoler une perte de lunettes. la petite a juste récupéré les morceaux de lentille sans rien dire. c'est la vielle dame qui râle à sa place. la grassouillette a des rondeurs intéressantes. la freud database est déjà mise à jour dans ma tête. nouvelle station, je descend dans le flux mécanique de la foule. l'écho du métro qui part. je prend l'escalier pour sortir à la surface. le reste de ma vie s'épanouit à mes pieds. mais d'abord huit heures de travail. le soir je retournerai à pied.

samedi 27 février 2010

ville-caméra-cieux


le père est mort. vive le père.
dans un monde tordu des gens qui n'ont toujours pas le temps de bien vivre le présent, car trop hâte de se gaver du futur quoi faire d'une brique tombant sur ton crâne avec une seule inscription
rouge sur le rouge souffrir
souffrir ou s'adonner aux inflexions rhétoriques sur l'abolition de la peine de mort? s'approprier ce langage de la douleur? comment? nu comme un ver au bord d'une conscience qui n'est pas la tienne? dans les yeux d'une étrangère lucide qui tourmente ton inconscient avec les mots lovés de son so coquet british english?... on se croyait à Londres à belle époque, une caméra américaine te suit de loin, ta bouche, ses paupières -- la souffrance n'y est plus, la caméra a dû faire fausse route, car c'est sur les traces intimement douteuses d'une douleur qu'elle s'y est aventuré

comment gérer cette incertitude, cette vie qui jaït... ses yeux qui réclament encore leur café imaginaire... un café que je pourrait bouillir dans le creux mes mains...
les cieux sont beaux... ses cieux à elle sont vermeils, jaunes, inertes -- un vaste terrain d'oubli d'un perfectionnisme nuisible

la douleur -- la cultiver en kamikaze avec le seul espoir qu'elle t'enverra dans les cercles de Dante pour t'y dissoudre, la vivre avidement en crise de conscience convulsivement parsemé toi, ton crime et ton victime, la vivre galamment en scène diaboliquement sartrienne ou se mettre la peau de rhinocéros dans le peu de temps qui reste pour qu'on soit reflété moins dans les iris couleur oubli de cette foule-fou regard des rues aveuglement muettes

la mettre dans un coffre fort ou mieux encore l'archiver sur une clé, l'oublier, la piétiner, l'avaler, la digérer, l'épouser, la verbaliser, la rejeter? lui faire l'amour ou la guerre, ou encore tout les phénomènes qui meuble ton humble existence, en faire des sonnets? mourir -- from these I would be gone, save that, to die, I leave my love alone

je fumes mes vols d'ange inexistant, d'airbus ou concorde, fumer - tue, mais tuer ne fume pas

je porte une caméra dans les rues de mon coeur, je l'amènes clandestinement devant mon psy

bonjour monsieur/ bon? jour/ vous n'avez pas de caméra sur vous/ non? pas du tout.../ alors, qu'est ce que vous attendez de nos rencontres?/ (certainement pas de cheveux frisés et de lunettes) [daca as fi cu zulufi oare cum mi-as trai figurile de stil (figurile de steel...)]/ vous promenez vous souvent dans votre passé/ je pourrai pas le dire sans canapé [est-ce qu'il fait l'amour (au mots)?]/ ok, alors à la fois prochaine, sans caméra, à dix heures du matin/ à 10 am 02/03 MMXMMY

filmé. la prochaine fois on filme speachless. avec les yeux d'un lecteur inconnu. les douleurs sont juste des douxleurres. faut pas en exagérer avec. le fils ne doit pas reprendre les anxiétés du père, il pourrait hériter les certitudes du saint esprit [rien de plus sûr que les doutes]

Alice, les f(v)ins sont tout(e)s prévisibles?
[fumée] RIDEAU

lundi 22 février 2010

Infinity in a cup of wonders


You must be perfect, my dear, 'cause we are selling true illusions in a world of lost meanings.

La cécité m'a toujours étonné par sa profondeur. Éperdument attaché au monde des couleurs, les gens ont du mal vivre avec le son.
Mais qui est vraiment aveugle dans ce monde qu'on voit jamais. Ces gens qui se précipitent sur leurs chemins pour arriver nulle part; ces images qui nous échappent, la beauté dans un état de pureté conceptuelle, on la rêve tellement, qu'on n'a même pas le temps de la repérer autour de nous.
Ne sont-ils plus aveugles ceux qui restent collés des heures infinies devant leurs ordis, ceux qui préfère les pixels aux êtres humains, ceux qui crient être lucides lorsqu'ils s'engouffrent encore dans une vérité fallacieuse, une vérité qui tue.

Combien d'Alice y a-t il sur la terre? Combien d'être elles se sont perdues dans des miroirs occasionnels? Combien ont cultivées de petites tumeurs en cachettes? Combien sont dépendantes de métaphores filées?

Je me suis réveillé au pied de la montagne, devant moi mille portes et une seule fenêtre humblement caché dans l'oeil caché d'une passante ou dans le regards furtif d'un serveurs ayant moins de 2 minutes pour siroter son café. Je me lève résigné, je descends lacs et rivière pour retrouver ton paradis. Les illusions me suffisent plus, t'a du l'apprendre.
Un long chemin s'annonce, il faudra apprendre vivre les forêts pour ne plus ressentir les petites douleurs égoïstes.

Les quêtes identitaires ne m'ont jamais semblé si peu kafkaïesques.

Mille papillons jaillissent des veines fragiles d'un hiver épuisés. Ils chercheront la lumière la plus pure, les longues ivresses sélénaires, brûler pour devenir cendres, pour retomber dans un circuit divin, redevenir miroir d'un infini, renaître papillonnant encore vers d'autres lumières somnambules.

Vivre éperdument l'éternité... Rien de plus beau, rien de plus lucide

Could you be bounded in a nutshell and count yourself as Queen at infinite space, dear Alice?