haïr ou pardonner - c'est un dilemme aussi vieux que les racines judéo-chrétienne de la civilisation européenne (si une telle existe), mais qui au fil des siècles n'a rien perdu de son actualité.
quelqu'un qui vous bascule dans le matin dans le métro. une première pensée - il faut pas se laisser faire. et on le pousse à notre tour. un piéton qui s’attarde en passant la rue enrage les chauffeurs. et le fil des petites colères ne fait qu'augmenter le long de la journée. or, les racines de la colère poussent dans notre quotidien. dans une péroraison débitée avec grande ingéniosité devant les autres, ce qui les fait nous détester en silence sous le masque dans vague sourire. un grande bagarre après un banale collision des voitures. une assistante universitaire en train de massacrer les étudiants pendant son séminaire, belle opportunité de les brûler avec une attitude d'impitoyable supériorité.
la colère du plus fort est ainsi la première à subir et gare à ceux qui se trouvent aux alentours
mais la colère est encore plus aiguë dans un monde qui vit son malheur quotidien - une campagne électorale est toujours plus rude dans un pays pauvre (à considérer l'exemple africain). et oui, en revenant au cas ivoirien, on a toujours du mal à comprendre comment dans ce qui se prétend un homme civilisé la rage et l'hypocrisie cohabitent. non que je m'attendais à des personnages d'un grand roman russe en train dénoncer leur nature ignoble et de chercher le pardon des autres. mais deux personnes qui prétendent aimer leur nation et qui ne font par ça que pousser un peuple au massacre, c'est au moins absurde, dégoûtant et incompréhensible.
la colère qui nous suit chaque fois qu'on se retrouve devant la solitude, devant la mort, qui s'accumule comme une bombe à retardement dont l'explosion va secouer des centaines de personnes - des enfants kamikazes en train de se tuer pour une cause qu'ils connaissent à peine, (fait qui assure une continuité de colère), des ados qui malgré le milieu aisé qu'ils habitent finissent par tuer des camarades d'école et par se suicider.
la colère des individus, des cours d'eau de montagne, se réunissant dans la colère sans limites des masses - des masses qui tuent qui s’entretient.
et un matin printanier on regarde tout ce champ de bataille perpétuelle, des consciences en ruines, des âmes en désuétude - c'est ça donc qu'on ose appeler "civilisation"?
en revenant au point de départ, il ne s'agit pas de vouloir trouver une résignation totale devant celui qui frappe, de lui tourner l'autre joue, de pouvoir prier pour lui. mais du simple fait si on va léguer à ce monde notre colère ou si par je ne sais quelle fait de grâce la possibilité de pardonner.
est-ce donc la voix de Camus ou celle de Mauriac qui raisonne en nous, inculper ou pardonner?
cette grande introduction est en fait la suite d'un autre film que j'ai vu il y a quelques jours. In a better world de Susanne Bier. Un film beaucoup applaudit pendant les festivals de cinémas, mais presque entièrement ignoré dans les salles de cinéma. un très long poème sur la colère, de très belles histoires qui s'entremêles, une géographie de la colère du Danemark à l'Afrique et une grande question qui en ressort - que faire de la colère, pardonner ou frapper?
à voir pour ceux qui cherchent plus qu'un écran déco à leur boite de pop-corn ;-)
PS: et surtout essayons de mettre un peu plus de distance entre la colère et notre façon d'agir
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