et pourtant l'art n'est pas une invention récente, car il existe depuis les grottes de Lascaux, mais soyons bien d'accord qu'un Rembrandt ou un Picasso comme produit fini de l'art donnent toujours, somme toute, le même un objet de décor. c'est vrai, qu'il est un peu poussé et qu'il est sans doute exagéré de considérer l'art sous cet angle. mais un tableau reste un tableau, surtout pour nous et c'était déjà le cas pour les soixante-huitards, ce n'est plus une image-icône qui va nous faire prier même si on est devant le meilleur christ de l'école italienne, ni même une image-totem aux forces miraculeuses comme les célèbres nus de la Renaissance qu'on suspendaient au-dessus du lit matrimonial pour préserver voir stimuler la fertilité de la femme. or, le concept de l'art change avec la société - aujourd'hui des vénus en rut dans la chambre nuptiale seraient plutôt une tendance de nouvel libertinage, car les femmes se sont émancipées, la religion a bel et bien reculé et voilà le plaisir gagner sa place dans les salles à coucher des familles (couples) contemporaines.
l'art actuel est un concept, souvent dynamique - des installations qui peuvent interagir avec le public, des statues qui vont bouger, des canons remplis de cire qui vont laisser des grandes tâches rouges contre le mur des plus célèbres musées d'art contemporain. l'artiste contemporain est plus que jamais un aventurier (un imposteur?), comme un adolescent dans les dernières phases de la puberté. les expériences peuvent aller du métaphysique au kitch industriel, de la philosophie à la sauce sociale aux amusettes naïves d'un artiste qui s'amuse à investir son dans à creuser un trou dans le plancher d'une célebrissime gallérie et ce qui pourrait très bien passer pour une conséquence d'un tremblement de terre est célébré comme un ouvre d'art. des installations à côtes desquelles la fontaine de Duchamp est un sommet de génie.
est-ce bien, exagéré ou idiot? c'est au temps de faire le tri. d'ici là ce sont les marchés d'art, les grands mécènes et quelques ministères qui font la pluie et le beau temps dans le tri des artistes. un tri plus que nécessaire, car aujourd'hui on crée plus que jamais et plus que jamais on transforme les fragments du quotidien en oeuvre d'art, comme l'intérieur d'une maison du moyen orient reproduit avec fidélité dans un des pavillons de la biennale de Venise. en fait cet intérieur est-il vraiment un ouvre d'art? un manifeste, peut être. une installation ayant un caractère social? sans doute. mais j'ai du mal à percevoir ceci comme une oeuvre d'art. c'est peut être un élément d'une certaine curiosité pour le public occidental, pour ceux qui n'ont jamais entré une maison du moyen orient ou qui ne l'ont pas encore imaginé telle qu'elle y apparaît quelques secondes après avoir été quittée par la famille qui l'habitait. mais d'un autre côté prenait une bonne dizaine de minutes à inspecter la votre chambre. regardez chaque détail, tel qu'il est, avec le stylo tombé par terre, avec le journal d'hier sur le fauteuil et votre tasse avec les traces du café matinal. est-ce que ça vous donne l'impression d'une ouvre d'art? ce décor aurait surpris et même étonné les habitants de favelas ou quelques population aborigènes des forêts de Papouasie. mais ne serait-il pas la même impression qu'en bon occidentaux on a éprouvé à la sortie de l'ipad ou à la dernière pub d'airbus 2050? et là je paris qu'on ne trouverait pas beaucoup d'art là dedans.
drôle de concept cet art contemporain qui descend des fois aux racines du quotidien d'un pauvre village de pêcheurs indiens, y retrouve une vielle méthode de faire des filets de pêche pour en faire une nouvelle branche dans la sculpture contemporaine, des formes coloriées comme les aurores boréales, qui attire l'oeil et retient le passant l'entraînant dans une rêverie passagère sur lui, sur la beauté du monde, sur la vie et sans doute pas sur les métamorphoses de l'art dans notre époque.
Image : Janet Echelman, Sculpture urbaine, (Philadelphia, Etats-Unis)